Saga Guyanaise 2011...... Voyage à Saül au coeur de l'Amazonie
Saül se situe à 160 km au sud-ouest de Cayenne mais aucune piste ne relie le village au reste de la région-département. Il n'a même pas de rivière praticable à proximité; Des rivières situées à plusieurs jours de marche du village permettent de rejoindre des fleuves comme la Mana ou l'Approuage. Ces voix fluviales ont pu être utilisées pour les déplacements des indiens, orpailleurs, voire quelques missionnaires mais elles nécessitent de franchir de nombreux sauts ce qui conduisait à plusieurs semaines de voyage pour atteindre Saül au cœur de l'Amazonie.
Heureusement pour nous, modestes touristes il y a Air Guyane qui dessert quotidiennement Saül au départ de Rochambeau avec escaleà Maripasoula. On est limité à 10 kg de bagages et qui plus est, on est pesé avant de monter dans l'avion afin de calculer quelle quantité de fret l'avion pourra emporter en soute en approvisionnement régulier du village.... ce qui est moyennement rassurant. Évidemment ce n'était pas un bon jour, pour les villageois à cause de mes 110 kg (habillé et chaussé). Les gendarmes ont trouvé la solution en interceptant dans la salle d'attente un voyageur qui les a, ensuite accompagnés, menotté, vers une autre direction. Un brésilien, sans doute orpailleur. La prochaine fois il n'aura qu'à prendre les chemins ancestraux de la forêt amazonienne.... certes plus fatigants.
La région de Saül est particulièrement riche en minerai aurifère et l'histoire du bourg est intimement liée à la 1èreruée vers l'or qu'à connue la Guyane au début du siècle dernier. Attirés par le métal précieux et l'espoir d'un enrichissement rapide, des orpailleurs créoles provenant des Antilles françaises et anglaises se sont installés sur le secteur et c'est d'ailleurs l'un d'eux, M. Sahul originaire de Sainte Lucie, qui a donné son nom au village. La première moitié du XXèmesiècle vit Saül prospérer et compter jusqu'à 800 habitants.
Aujourd'hui le village compterait 90 habitants plus la présence d'une compagnie de gendarmes afin de dissuader les nouveaux orpailleurs d'approcher du village. Ces nouveaux orpailleurs seraient essentiellement brésiliens et on décompterait près d'un millier d'individus dispersés dans le parc régional mais tenus à bonne distance du village point d'approvisionnement éventuel.
Dans le bourg on remarque l'église arborant fièrement ses deux clochers en bois ; c'est le seul bâtiment français à avoir été classé monument historique du vivant de son constructeur, en 1992. En effet sa construction s'est étalée entre 1952 et 1962 sous l'égide des Pères Bazin et Didier.
Pour les 90 habitants installés à Saül on peut rencontrer les salariés des services publics, un instituteur, des gendarmes, pompiers, personnels de l'aérodrome, une infirmière, les salariés du parc amazonien, un fonctionnaire de mairie et du conseil général... quelques commerçants, une épicerie et une boulangerie récente (mais déjà fermée car elle attirait des orpailleurs au village, mais officiellement c'est pour un problème de non respect des normes) quelques rentiers plus ou moins agriculteurs, mais surtout chasseurs comme tout le monde.
Situé au centre géographique de la Guyane dans une région faiblement vallonnée, Saül jouit d'un climat moins humide que le reste du département. La variété des paysages rencontrés autour du village en fait une base de départ idéale pour découvrir le monde extraordinaire des forêts primaire de l'Amazonie française, mais en 48 heures voyage compris à savoir donc un gros après-midi après notre atterrissage et une grosse matinée avant notre embarquement pour le retour, nous ne pouvions pas tout voir ; des choix s'imposaient. Nous reportions à une prochaine escapade d'une durée d'au moins une semaine les randonnées de sentier Roche bateau (15 km : 6 h de marche), de sentier des Monts la fumée (10 km : 5 h), de sentier Grand boeuf mort et la piste Crique limonade (12 km chacun : 5h 30).
Il ne nous restait pour jouer les aventuriers que le sentier Gros Arbres ( 5km : 2 h) pour occuper le mercredi après midi et le chemin du belvédère (1 h de crapahutage à flanc de colline).... et ce fut déjà de bien belles randonnées.... et sans compter le layon d'arrivée entre aérodrome et bourg. Au retour nous avions compris qu'il valait prendre la camionnette des pompiers ce qui évitait de remonter dans l'avion les godasses boueuses. Comme son nom créole l'indique le circuit " Gros a arbres'' permet de découvrir quelques arbres représentatifs, identifiés par un petit panneau mentionnant son espèce. Parmi les plus remarquables figurent un fromager, un mahot cigare, le plus gros sablier recensé en Guyane et un superbe exemplaire de figus étrangleur.
Le sentier n'est pas très très difficile mais il y a quelques passages délicats à ne pas prendre à la légère (surtout avec mon quintal ++), en échange de ces quelques efforts nous avons fait quelques belles découvertes.
De retour au bourg et avant que la nuit tombe, et comme nous étions les seuls touristes du gîte Akenou la gentille hôtesse hmong maya nous a fait faire le tour du village, nous invitant à entrer chez quelques métros de ses amis installés à Saül depuis quelques années et qui nous vantaient, mais sans trop insister de peur que l'on veuille rester. '' Un endroit paisible, un petit coin de paradis idéal pour ceux qui veulent profiter de la quiétude des lieux'' et il est vrai qu'on décèle dans ses jardins fleuris et ses cases en bois, un parfum d'authenticité et de sérénité.
Après un bon dîner, chouchoutés que nous étions par Maya, puis une bien agréable nuit, à la fraîche, nous étions en pleine forme pour grimper le lendemain matin jusqu'au Belvédère de la montagne pelée.
Dans le cadre de ses objectifs d'amélioration de la connaissance du patrimoine culturel, le Parc amazonien de Guyane, en partenariat avec la Société Entomologique Antilles-Guyane, a lancé un inventaire annuel de l'entomofaune de Saül, qui permettra une description inédite du peuplement entomologique dans cette partie de la Guyane et ce sur un cycle d'un an.A terme, le Parc national et la SEAG espèrent mettre en évidence le rôle des insectes dans l'écosystème forestier tropical.
Depuis longtemps, Saül est une destination prisée des naturalistes. Des ornithologues, entomologistes et botanistes foulent les layons de Saül pour assouvir leur passion de découverte de la biodiversité..... Entre les grands arbres, là où se pose le regard, il y a toujours un insecte étrange, une belle orchidée ou un oiseau coloré pour susciter la curiosité.
(A suivre)