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Blog à part................pensée des morts

1 Novembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #Blog à part

 « C’est pas demain la veille, bon Dieu ! De mes adieux ».
   C’est le dernier vers de « Trompe la mort » une des très nombreuses chansons où Georges Brassens joue avec la mort. 
  Tout au long des 12 disques 33 tours sortis de 1952 à 1976, tonton Georges nargue la camarde, dialogue et s'amuse avec celle qui, au bout de la vie, remportera la partie. Qu’elle soit  racoleuse dans « Oncle Archibald », paillarde dans « Les 4 z’arts » et « La fessée », bienveillante pour « Le vieux Léon » porteuse de messages dans « Mourir pour des idées » et « La messe au pendu », sociale  dans « Grand-père » et « Le Fossoyeur », ambitieuse dans "Les Funérailles d'antan", dispersée dans « La Ballade des Cimetières », faussement organisée dans « Le Testament », individualiste dans  "Hécatombe", séculairement décue dans "Le Moyen-ageux", reposante dans la « Supplique pour être enterré à la plage de Sète », elle est toujours là, présentée avec un humour de bon aloi et véhiculée par une musique gaie et fredonnante ......et je n'ose même pas évoquer les chansons peignant des commémorations..... ah ces monuments aux morts qui le faisaient gerber...... anarchiquement bien sûr.
   Même dans les chansons qui évoquent ses parents, comme « Bonhomme"  et « Pauvre Martin », Brassens,  tout en donnant à ces ritournelles un rythme un peu plus nostalgique, évite avec tendresse le triste hommage aux chers disparus...

Il y a bien sûr une exception qui confirme la règle;  et d'ailleurs c’est tellement une exception que le texte n’est pas de Brassens : C’est un poème de Lamartine « Pensée des morts » qu’il a mis en musique pour en faire une très jolie chanson triste à pleurer ; le genre de chanson que l’on a envie de fredonner quand on a perdu quelqu’un de très cher. Une prière en quelque sorte.
Georges Brassens est mort le 29 octobre 1981, il venait d’avoir 60 ans. J’ai entendu l’information en voiture lors d’un flash info le 1er novembre. Pilou, les enfants et moi nous venions de quitter la maison (à coté de Nîmes) pour nous rendre en région parisienne et plus précisément à Créteil, l’hôpital Mondor. Nous avions appris la veille que Luis le père de Pilou venait de faire un infarctus et que c’était très sérieux.
Le lendemain à l’hôpital, nous avons trouvé un Luis assez calme malgré l’annonce par les chirurgiens d’une prochaine intervention. A ce moment il organisait, donnait des conseils, des consignes à Encarnation, son épouse et à ses filles ; elles devaient prendre certaines dispositions notamment à la banque.
Il avait eu par la télévision  l’information pour Brassens et il prit un peu de temps pour m’en parler car il savait que j’étais un fidèle admirateur.
Quelques jours plus tard il fut opéré….mais il y eut des complications post opératoires et après être resté une dizaine de jours dans le coma, Luis mourut le 21 novembre à 67 ans, abandonnant sa femme, ses filles ses petits enfants……et son frère Rafaël avec lequel il avait traversé tant d’épreuves pendant la guerre d’Espagne.
Ce jour-là du brave Brassens il n’y avait que le poème de Lamartine, la chanson triste qui me trottait dans la tête.
C’est un ami de l’enfance / Qu’aux jours sombres du malheur
Nous prêta la Providence / Pour appuyer notre cœur ;
Il n’est plus ; notre âme est veuve, / Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié : / « ami, si ton âme est pleine,
De ta joie ou de ta peine / Qui portera la moitié ? »
C’est l’ombre pâle d’un père / Qui mourut en nous nommant ;
C’est une sœur, c’est un frère / Qui nous devance un moment,
Tous ceux enfin dont la vie / Un jour ou l’autre ravie,
 Emporte une part de nous, / Murmurent sous la terre :
       Vous qui voyez la lumière / De nous vous souvenez vous ?



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