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Blog à part .... Comment l'indépendance du Vietnam n'a pu se faire de façon pacifique en 1946.

23 Février 2022 , Rédigé par niduab Publié dans #Blog à part

 Le 2 septembre 1945 le japon remettait sa reddition aux forces alliées. Le général Leclerc qui représentait la France contresigna l'acte de capitulation qui mettait un point final à la seconde guerre mondiale. Sous occupation japonaise depuis 1940, avec la complicité des représentants de Vichy, l'Indochine, était considérée par les Alliés comme un pays vaincu. Quelques semaines plus tôt la conférence de Potsdam en avait réglé le sort : Truman, Churchill et Staline se sont accordés sur une partition de l'Indochine, confiant aux Chinois l'administration des territoires situés au nord du 16e parallèle et aux Britanniques ceux au sud de cette ligne. 
Ce partage se heurte cependant à la volonté d'indépendance des Vietnamiens. Profitant du vide politique né de la défaite japonaise, le Vietminh vient de proclamer la naissance de la République démocratique du Vietnam, dont Hô Chi Minh a pris immédiatement la direction. Tout laissait à penser que les français étaient définitivement hors jeu dans un pays qu'ils contrôlaient depuis quatre-vingt ans....
C'était sans compter sur la volonté du Général de Gaulle qui ne peut accepter le dénouement de Potsdam concernant un territoire français en l'absence de représentant de la France résistante. Pour le chef du gouvernement la reconquête de l'Indochine constitue la dernière étape de la libération de la France..... Fin août 1945, après d'âpres discussions, il obtint de Truman que les Alliés acceptent un retour de la souveraineté française. Pour la France, il faut désormais reprendre vite le Pays.

C'est à l'un de ses plus fidèles généraux que de Gaulle confie la périlleuse mission: Philippe Leclerc, auréolé de son statut de libérateur de Paris, débarque donc en Indochine début octobre 1945 avec la 2e blindée. La tâche n'était pas simple pour une troupe de 2000 hommes équipée de 500 véhicules ; Leclerc allait donc avoir encore besoin de l'appui des Britanniques pendant quelques temps. Il réalise ses premières offensives victorieuses sur Saigon et en Cochinchine.
 Cette reconquête militaire devant être accompagnée d'une reconquête politique et administrative, l'amiral d'Argenlieu, autre gaulliste de la première heure, débarquait en tant que haut-commissaire à Saigon, devenant ainsi le supérieur hiérarchique de Leclerc.
En janvier 1946 les soldats de Leclerc contrôlent l'ensemble du territoire au sud du 15e parallèle et les Britanniques pouvaient rentrer chez eux. Mais la situation est bien différente au nord. [...]. Se découvrant un intérêt commun avec le Vietminh, à savoir d'écarter les chinois, Vietminh et Français commencèrent à négocier, mais un accord avait beaucoup de mal à se dessiner : l'amiral d'Argenlieu exigeait le maintien de la souveraineté française et Hô Chi Minh faisait de l'indépendance du Vietnam réunifié le préalable à tout rapprochement ; un dialogue impossible ?   
Chez les français, d'autres positions se faisaient entendre et au premier rang delle de Leclerc. Certain que le temps jouait contre la paix, il veut avancer à tout prix. Il profite alors de l'absence de d'Argenlieu en voyage à Paris pour inciter Sainteny, le commissaire français à Hanoï, à conclure un accord «  Il ne fallait pas hésiter à obtenir le succès de la  négociation et aurait même prononcé le mot d'Indépendance. » Le 6 mars Hô Chi Minh et Sainteny trouve un terrain d'entente même si la formulation est ambiguë : Le gouvernement français reconnait la République du Vietnam  comme un Etat libre faisant partie de la fédération indochinoise. Il est également convenu que les populations des autres régions d'Indochine se prononceront par référendum. Victoire pour la paix ? Ce compromis est salué à l'international comme un modèle.  

Mais d'Argenlieu, de retour au Vietnam, est furieux contre un texte qui prévoit aussi le départ de l'armée française du nord sous cinq ans. Il prend position contre les accords et réclame l'éviction de Leclerc qu'il obtiendra. Il faut aussi mentionner que le Général De Gaulle n'est plus président du gouvernement provisoire ; il a démissionné le 26 janvier 1946, refusant le retour d'une République parlementaire dont l'assemblée pourrait renverser le gouvernement. Il fut remplacé successivement par Félix Goin (5 mois) puis Georges Bidault (5 mois) Entre temps les parlementaires purent établir la constitution de la quatrième République qui est entré en vigueur le 13 octobre 1946, suivit de l'élection d'une nouvelle chambre parlementaire en novembre qui confie à Léon Blum pour un mois, le dernier gouvernement provisoire avant l'élection par vote des parlementaires du nouveau Président de la République Vincent Auriol le 16 janvier 1947, qui choisit Paul Ramadier comme chef du gouvernement. Une année perdue entre la démission du Général De Gaulle et un nouveau pouvoir peu crédible.   
Dès l'été tout est donc à refaire... Désormais seul aux commandes, d'Argenlieu doit organiser les négociations préparatoires pour le statu futur de l'Indochine. Lorsque les pourparlers s'ouvrent le 6 juillet 1946 à Fontainebleau, Hô Chi Minh ne participe guère aux débats et se livre surtout à une vaste opération de charme recevant le tout Paris soutenu par son ami, le héros de la résistance Raymond Aubrac. Il aurait aussi rencontré le général juste rentré à Paris du Vietnam. Hô Chi Minh quitte la France après avoir signé avec le ministre de la France d'Outre-mer un modus vivendi sans conséquence pour prévoir une autre conférence à une date non déterminée. Juste un document pour ne pas « rentrer les mains vides.»
Fin 1946-début-1947 les partisans des négociations jouent leur dernière carte. Léon Blum puis Paul Ramadier se tournent vers Leclerc afin de remplacer d'Argenlieu pour redresser la situation. Peine perdue. Pour Leclerc la page est définitivement tournée. 

Sources : Pour l'essentiel j'ai pioché copieusement dans un article intitulé La chance perdue de la paix dans le mensuel Géohistoire d'Avril 2014. J'ai essayé de réduire quelque peu le texte, pour ajouter les problèmes pour fonder un pouvoir politique en France par le biais de gouvernements provisoires et en attente d’une constitution pour la 4ème République.  

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