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Didi fait du cinéma ......... Le jour le plus long

21 Juin 2008 , Rédigé par daniel Publié dans #Didi

 La seconde grande aventure de Didi fut le septième art, le cinoche. Son véritable engagement professionnel dans l'industrie cinématographique n'est arrivé qu'en 1961, avec le tournage d'un des plus grands films de l'histoire du cinéma « Le Jour le plus long ».
 Curieux raccourci quand on sait que la première grande aventure de Didi, alors qu'il n'avait que 18 ans, la résistance puis, après son évasion de la prison d'Auxerre, son incorporation dans l'armée de Delattre, cette aventure a commencé le 7 juin 1944 à l'annonce du débarquement des alliés en Normandie. (Lire les billets Didi résistant et Didi soldat).

En fait le virus du cinéma était entré dans sa vie bien avant sa participation à ce film mythique, et c'était presque normal quand, jeune homme, on habitait après guerre, au Tremblay à deux pas des studios de Joinville et à quelques stations d'autobus des studios de Saint Maurice.
 C'est l'oncle Maurice qui, le premier dans la famille, fit carrière dans le cinéma, d'abord comme monteur projectionniste pour la société Pathé puis chargé des enregistrements et des doublages pour la Fox Europa. Les studios de Joinville et de St Maurice hauts lieux du cinéma français connurent la concurrence entre Gaumont et Pathé puis leur association en 1947 au sein de Franstudio pour défendre, déjà dès cette époque, une forme d'exception culturelle française.
 Le premier de la famille à avoir fait à l'écran une  apparition ultra rapide mais  très remarquée fut mon père Roger, le frère aîné de Didi. Je ne sais dans quelle circonstance, mais on peut soupçonner l'oncle Maurice d'en être l'origine, Roger alors âgé de 9 ou 10 ans, fut chargé, en déboulant en patins à roulettes, de bousculer sur le trottoir, un célèbre acteur des années 30, Pierre Blanchard. Je ne me souviens pas du titre de ce film sorti probablement en 1931 ou 32, et puis Roger n'a jamais donné suite à ces débuts prometteurs ce qui était bien dommage car quand on fout sur le cul un jeune premier on a généralement un bel avenir devant soi.
 
 Didi démobilisé début 1946, pour ses 20 ans, et après 18 mois de combats, de peurs et de privations, n'avait pas pour préoccupation première son avenir professionnel mais, même si on est hébergé par les parents, il faut bien un peu d'argent de poche pour vivre ses 20 ans, et le voilà embarqué lui aussi dans la figuration d'autant que c'était l'époque des grands films en studio : Carné avec « Les Enfants du Paradis » et il fallait des jeunes pour garnir le Paradis, « Quai des Brumes », « Les Visiteurs du Soir », ou Clouzot avec « Le Corbeau ». Didi a beaucoup tourné, mais il fut souvent coupé au montage ou à peine aperçu sur un plan.....mais ce qui comptait c'était un peu d'argent et du bon temps.
 Quand il y avait appel à figurants et on peut penser qu'il obtenait des informations de première main grâce à l'oncle Maurice, il lui fallait se précipiter dès l'ouverture au café Batifol ou les assistants des réalisateurs venaient faire leur marché. Il se souvient d'une figuration, habillé en arabe, dans « l'éventail » d'Otto Preminger ; il se souvient aussi « Des Portes de la Nuit » de René Clair avec les débuts de Montand... mais ses meilleurs rôles, lui qui était beau gosse, c'était quand on lui demandait d'embrasser une fille comme dans « Quai des Orfèvres »  dans une salle de spectacle pendant que sur scène Suzy Delair chantait sous le regard de Louis Jouvet. Un copain de Didi, pour montrer lui aussi son ennui était chargé de faire des bulles avec son chewing-gum, tandis qu'à côté Didi bécotait une jolie blonde.... Tout le monde ne pouvait avoir le beau rôle. Je suis sûr d'avoir vu une scène semblable dans « les Enfants du Paradis » mais Didi ne s'en souvient pas ! Elle devait sans doute être moins jolie.

 Ce type de vie a duré quelques années d'après guerre .... Et puis il lui a fallu, en revenir aux choses sérieuses, travailler pour de bon et donc reprendre son métier de serrurier.... Ce ne fut pas toujours facile... Il fit même l'expérience d'être patron en créant une entreprise de serrurerie tôlerie à Villiers mais, jeune et surtout mal accompagné, au bout de quelques années ce fut le dépôt de bilan.
 Didi se tourna alors, à nouveau, vers le cinéma et accepta d'abord un poste de coursier. C'était la fin des années 50 et il était chargé des transferts aux laboratoires des rushs et des approvisionnements des studios ou autres lieux de tournages en bobines, pellicules....  c'était un retour par la petite porte, qui lui permit de retrouver des connaissances, et d'être présent, par chance, au bon endroit et au bon moment, en 1960, quand le plus grand film tourné en France allait commencer : « Le jour le plus long. »

  Il fut d'abord engagé comme machiniste pour tourner à Boulogne les scènes de Sainte Mère Eglise, puis ce fut un déplacement pour la Fox à Port en Bessin pour les scènes de l'attaque par les troupes du Commandant Kieffer du Casino d'Ouistreham.... Et là on eut besoin de ses talents de serrurier tôlier pour transformer des décors qui ne donnaient pas entière satisfaction au réalisateur......
 Il poursuivit l'aventure de ce film en passant plusieurs mois à l'île de Ré pour les scènes du débarquement, et là encore il fut le « créateur inventif, adaptateur de décors » et signait un  long bail avec le cinéma.....

Un bail de 25 ans jusqu'à ses derniers films, avant la retraite, en 1985 et 1986, « La Révolution Française » de Robert Enrico et « Autour de Minuit »  de Bertrand Tavernier. C'est sur ces derniers films que Didi parut enfin au générique, un bel hommage pour ce travailleur de l'ombre du 7ème art, mais auparavant, il lui arrivait de s'inscrire lui-même, de faire sa pub, d'une manière ou d'une autre.... ainsi dans « Le Mur de l'Atlantique » on aperçoit à l'écran une boutique dont l'enseigne portait son nom, Serrurerie André B.....

 Une dernière anecdote concernant « Le Jour le plus long » : une colère de Darryl Zanuck qui au moment d'une prise de vue du débarquement au milieu des soldats voit sur la plage, sensée être Omaha Beach, un môme d'une dizaine d'années qui gambadait ......
Didi a sans doute, évité de dire à Zanuck que c'était Jojo son fils qui passait par là. .... 
 

 
















(À suivre
)

 

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