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Histoire de rôle .... Gambetta....... La fin du régime impérial et les débuts de la IIIe République.

12 Septembre 2020 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

Léon Gambetta est né à Cahors le 2 avril 1838. Par son père, Joseph, il était originaire de Ligurie au nord ouest de l’Italie (golfe de Gène). Sa mère, Marie Magdeleine, fille de pharmacien, était de Molière en Lot et Garonne ; Les parents de Léon tenaient un commerce (le bazar génois) à Cahors où il fit ses études jusqu’au baccalauréat es lettres. Joseph était fier de ce fils intelligent qui allait, pensait-il, lui succéder. Mais Léon, en terminal, avait d’autres ambitions. A quoi lui servirait, dans un commerce de Cahors, de savoir par cœur, en grec ou en latin, les tirades de Démosthène et de Cicéron. Ce qu’il voulait, c’est monter à Paris y faire son droit, puis embrasser une carrière d’avocat. 
Une bataille déchira la famille mais Léon eut le soutient de sa mère et surtout de sa tante ; elles firent intervenir les professeurs et même le maire de Cahors. Le père finit par fléchir, mais Léon n’aurait droit, alors, qu’à une pension mensuelle de cent francs, juste de quoi ne pas mourir de faim. 

Sa première année d’étudiant fut très studieuse ; en plus des cours de droit Léon fréquentait aussi la Sorbonne, le Collège de France et surtout la bibliothèque Sainte-Geneviève qu’il ne quittait que très tard le soir pour retrouver sa triste chambrette et se coucher après s’être nourri d’un morceau de pain et d’une soupe très légère. Fin juillet il fut très honorablement reçu à son examen de droit. De retour à Cahors pour l’été il fut accueilli très chaleureusement par sa famille y compris son père. 
Pour la deuxième année sa pension fut réévaluée ce qui lui permit de s’installer plus confortablement dans un appartement qu’il partageait avec un compagnon. Toujours très studieux dans ses études, il fréquentait moins la bibliothèque mais beaucoup plus les cafés où les étudiants se retrouvaient pour débattre de la situation politique, ce qui était interdit en ces années impériales. De ces cafés politiques le Voltaire était l’un des plus célèbres et Léon Gambetta ne tarda pas à y faire figure d’animateur. Il fréquentait aussi le Palais de justice pour y voir plaider les avocats réputés: Plus que jamais il était déterminé à devenir un maître du barreau. A la fin de l’année universitaire il passa magistralement son deuxième examen de droit et put rentrer à Cahors le cœur léger. 
La troisième année de droit ne posa guère plus de problème, même si ses présences en cours étaient plus irrégulières (politiques et femmes… c’était l’année de ses 20 ans.). Il fut encore reçu avec succès au troisième examen. II ne lui restait plus qu’à soutenir une thèse pour être licencié en droit. Il lui restait cependant à mettre sa situation en ordre et c’est ce qu’il fit à Cahors en octobre 1859 avant son retour à Paris. Bien que se sentant profondément français il avait la nationalité italienne car son père était italien. Mais comme il était né en France d’une sa mère française, il lui suffisait d’une simple déclaration à la mairie de Cahors pour acquérir la nationalité française. La déclaration fut faite le 29 octobre 1859 devant le maire de Cahors.

Trois mois plus tard en janvier 1860 Gambetta soutenait sa thèse avec un succès honorable. Il avait 22 ans et la carrière d’avocat lui est ouverte. 
Le 8 juin 1861 Léon Gambetta prêtait son serment d’avocat. C’est Jules Favre, avocat célèbre et somptueux orateur d’opposition au régime impérial qui le présenta à la barre. 
Les mois qui suivirent ne lui donnèrent pas beaucoup d’occasions de se mettre en évidence. La politique ! C’est là, plus encore qu’au barreau, qu’il espérait donner sa pleine mesure. A la fin de 1861 il était admis à la conférence Molé, un club où les jeunes avocats pouvaient se familiariser avec les techniques de l’argumentation, l’art oratoire et le débat contradictoire. Sa réputation se dessinait et il put plaider dans plusieurs procès politiques. A la suite de l’un d'eux, l’illustre avocat républicain Adolphe Crémieux lui proposa de l’agréger à son cabinet. Avec ce parrainage Il plaidait de plus en plus, même dans des tribunaux de province. Il restait cependant de plus en plus attiré par la politique, dans l’opposition à Napoléon III 

Au cours de l’année 1864 Gambetta a affermi encore sa position. Il était observé par ses pairs comme l'un des grands espoirs à la fois du barreau et de la politique et lui plus que jamais se sentait destiné à un grand rôle public….. 

L’année 1868 fut décisive pour lui:
Au printemps il vint à Cahors en compagnie de son ami Jules Favre pour plaider dans un procès politique. Ce fût occasion pour Léon de se faire connaître autrement que comme le talentueux fils de Joseph. L’accueil enthousiaste de la population lui fît le plus grand bien. 
A l’automne Gambetta fut pris comme avocat par le journaliste Charles Delescluze accusé d'avoir appelé, dans son journal, à ouvrir une souscription pour ériger un monument à la mémoire d
'Alphonse Baudin, député de la Deuxième République, tué le 3 décembre 1851 en s’opposant, au côté des ouvriers, au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte qui allait devenir Napoléon III. Si Gambetta n’arriva pas vraiment à empêcher son client d’être condamné à cinq mois de prison, il mit quand même à mal le régime impérial et son nom s’étalait les jours suivants dans les journaux parisiens. Très sollicité, il est maintenant décidé à se présenter aux prochaines élections législatives.

Au début de 1869 Gambetta rentrait à Cahors pour se refaire une santé quelque peu malmenée et pour préparer sa campagne politique. Les candidatures multiples étant autorisées, il a jeté son dévolu sur deux circonscriptions, l’une à Belleville l’autre à Marseille.
Au premier tour, le 23 mai 1869 Gambetta est élu à Belleville recueillant deux fois plus de voix que son adversaire Carnot. A Marseille il est en deuxième position derrière Thiers mais celui-ci étant aussi élu à Paris se retira. Au deuxième tour Gambetta l’emportait très largement devant Lesseps. Se sentant plus méridional que parisien il opta pour Marseille. 
Épuisé et malade Léon dut suivre les consignes des médecins et faire une cure thermale à Ems. Il eut ainsi un peu de temps pour se remettre car la bataille parlementaire était repoussée de quelques mois. L’empereur avait reporté à novembre l’installation de la nouvelle chambre, car il fallait revoter dans plusieurs circonscriptions...

Les élections de mai 1869 furent très mauvaises pour le régime, même s’il conservait encore la majorité. Le nombre des élus républicains avait doublé et surtout toutes les grandes villes avaient donné une écrasante majorité aux opposants. Seul le vote des campagnes et des petites villes avait sauvé l’Empire.
Le 29 novembre la session du Corps législatif fut enfin inaugurée par l’Empereur; le parlement allait pouvoir travailler…. Dés que le gouvernement serait formé. L’Empereur après de longs mois de réflexion choisit fin décembre, Émile Ollivier un élu du tiers parti (centre). Non sans difficulté celui-ci réussit à former un ministère dont il était membre prépondérant et garde des sceaux. Les autres ministres venaient du centre droit (Bonapartistes libéraux) et du centre gauche (libéraux acceptant l’empire).

Mais en priorité Napoléon III voulut laver l’affront des élections de mai 1869; aussi décida-t-il de provoquer pour le 8 mai 1870 un plébiscite sur la formulation suivante : « Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la constitution depuis 1860 par l’empereur avec le concours des grands corps d’État et ratifie le sénatus – consul du 20 avril 1870.» Question habile qui mit dans l’embarras les opposants. Comment accepter une évolution libérale sans plébisciter le souverain ? 
Avant de passer à l’exécution de ce vote un débat devant le corps législatif était inévitable. Il s’est instauré le 5 avril. Après Jules Grévy, Thiers et Jules Fabre, Gambetta est monté à la tribune : Il dénonça l’incompatibilité qu’il y a entre l’appel fait directement au peuple par l’exécutif et la véritable souveraineté nationale, laquelle ne peut s’exercer que par un parlement librement élu. 
Le plébiscite eut lieu et le nombre de suffrages dépassa de plus de 1,5 millions celui des votes des élections législatives de 1869... De plus le résultat dépassait les espoirs de l’empereur : 7,3 millions de Oui pour 1,5 millions de Non.

Napoléon III avait réussi à casser l’élan républicain. Serait-il un manœuvrier exceptionnel ? Certainement pas et surtout pas dans le domaine diplomatique. En cette année 1870 après de nombreuses erreurs depuis une vingtaine d’années, la France en fit la triste expérience. Napoléon III allait tomber dans le piège que lui tendait Bismarck qui avait besoin d’une guerre contre la France, l’ennemi héréditaire, pour achever et cimenter l’unité de l’Allemagne. Quelques provocations et toute la France s’enflammait, des extrémistes bonapartistes à la plupart des républicains. A l’Assemblée seul Thiers était lucide: « Voulez vous qu’on dise que pour une question de forme, vous vous êtes décidé de verser des torrents de sang ? … Plus que personne, je désire la réparation de Sadowa, mais je trouve l’occasion déplorablement choisie…»
 

Le 19 juillet 1870, le gouvernement impérial notifiait à Berlin que l’état de guerre existe entre la France et l’Allemagne.
Cette guerre s’engageait dans des conditions désastreuses pour la France qui était isolée diplomatiquement et ne disposait que d’une armée de 370.000 hommes (dont 60.000 en Algérie.) soit des effectifs inférieurs à ceux de l’adversaire. Dès août 1870, l’Allemagne pouvait lancer en première ligne plus de 500.000 hommes, soutenus par 160.000 soldats de réserve, tandis que 190.000 hommes formaient une armée de seconde ligne sans équivalent en France. 
Aussi les défaites s’accumulèrent : Wissembourg, le 4 août ; Frœschwiller, le 6 août, l’Alsace doit être évacuée par Mac Mahon. En Lorraine Bazaine se fit enfermer dans Metz. Pour le délivrer, le reste des troupes françaises, suivi plus que commandé par un empereur malade, vint maladroitement se faire encercler dans la cuvette de Sedan, où le 1er septembre, il ne restait qu’à capituler. Napoléon III était prisonnier. 

Quand la nouvelle de ce désastre parvint à Paris où, depuis les premières défaites, le ministère Ollivier avait été remplacé par un ministère autoritaire, ce fut l’effondrement.  Dans la nuit du 3 au 4 septembre, Palikao, nouveau chef du gouvernement, convoqua le corps législatif. Le lendemain, tandis que les députés délibéraient encore, des groupes d’ouvriers envahirent l’Assemblée aux cris de « Vive Rochefort ! Déchéance ! République !» Jules Favre et Gambetta arrivèrent à calmer les manifestants en reprenant leur exigence de République tout en en leur expliquant que leur action ne devait pas être perçue comme un acte antipatriotique par leurs adversaires.

Puis ils se rendirent à la tête de la troupe, à l’Hôtel de ville où Gambetta proclama la République et fit acclamer la constitution d’un « Gouvernement de la défense nationale » sous la présidence du général Trochu, populaire et indispensable et qui était déjà depuis le 17 août gouverneur militaire de Paris. 
Il s’agissait, en fait, en gagnant de vitesse les révolutionnaires d’extrême gauche, de constituer un gouvernement qui soit accepté par le peuple parisien. Ce gouvernement de défense devait être constitué d’une dizaine de députés parisiens.
 
Jules Favre est désigné vice-président, Crémieux ministre de la justice, et Gambetta ministre de l’intérieur.etc…..

Le gouvernement déclara vouloir consacrer toute l’énergie du pays à sa défense. Dans une proclamation à l’armée, il justifie la destitution de l’ancien pouvoir et affirme « Nous ne sommes pas au pouvoir, mais au combat. », en ajoutant deux jours plus tard: « Ne pensez qu’à la guerre et aux mesures qu’elle doit engendrer.» En dépit des scrupules de certains, dont Gambetta, le gouvernement de la Défense nationale est issu d’une émeute populaire et le Corps législatif, élu de la nation au suffrage universel, n’a pas participé à sa constitution. 
Le gouvernement choisit de rester à Paris que commençaient à encercler les troupes prussiennes. Toutefois Crémieux accompagné de l’Amiral Fourichoni et de Glais-Bizoin partirent pour Tours le 12 septembre pour tenter de rassembler les troupes disponibles. Ils firent  revenir des troupes d’Algérie, puis ils réitèrent le 18 septembre l’ordre de mobilisation de tous les jeunes gens jusqu’à 25 ans et le 30 septembre ils décrètent que les hommes de 25 à 40 ans devront servir dans la garde nationale.

L’équipe au pouvoir manquait de cohésion et beaucoup se sentaient mal à l’aise dans l’illégalité de la formation du gouvernement de défense nationale. Gambetta quitta, en ballon, Paris déjà assiégé, le 7 octobre pour organiser depuis Tours de nouvelles armées. Il est pratiquement le seul à tenter l'impossible. Avec l'aide de Freycinet son second il n'exige que du patriotisme, un minimum de compétence et la volonté de combattre... Il s'octroie le ministère de la guerre et prône la guerre à outrance, un concept qu'il a du mal à imposer, en arrivant à Tours le 12 octobre, à ses compagnons déjà sur place. Tandis que Thiers échoue dans ses missions diplomatiques auprès des capitales européennes, les armées hâtivement constituées en province s’avèrent hors d’état de débloquer Paris, tout comme les tentatives les troupes militaires de Paris n’arrivent pas à faire des brèches dans l’encerclement de la capitale par l’armée Allemande.

Fin octobre une terrible nouvelle arrive à Tours : Bazaine a capitulé à Metz. Du coup l'armée prussienne forte de 200000 hommes qui assiégeait Metz est disponible pour renforcer le blocus de Paris et marcher sur les provinces du Nord et de l'Ouest.
Loin d'abattre la volonté de résistance des parisiens cette nouvelle ne fait que les exaspérés et la pensée qu'un armistice pourrait être demandé leur est insupportable.... Le 31 octobre des manifestants envahissent l'hôtel de ville en criant « Vive la Commune », mais la garde nationale les repousse. 
Tiers et Favre cherchent à ouvrir en secret des négociations avec Bismarck. Le 5 décembre Trochu apprend que l’armée de la Loire sur laquelle Gambetta comptait beaucoup pour délivrer Paris a été défaite à Orléans. Devant l'avancée de l'armée prussienne et la perte d'Orléans, la Délégation doit quitter Tours et s'installe à Bordeaux le 9 décembre.
Les efforts de l'armée du nord commandé par Faidherbe et de l'armée de l'est que dirige Bourbaki ne permette pas de rompre le blocus de la capitale.
En Janvier 1871, le manque de vivres, les bombardements quotidiens et la succession des échecs militaires provoquent une agitation croissante de la population parisienne. La composante parisienne du gouvernement décidait de cesser le combat au plus vite.
Le 22 janvier une fusillade éclata entre extrémistes de gauche (futurs communards) et gardes nationaux faisant cinq morts et une vingtaine de blessés. Pressés d'en finir le gouvernement parisien et donc sans l'accord de Gambetta, adresse une demande de négociation à Bismarck. Le 26 janvier un armistice provisoire était signé et aussitôt appliqué. Le 28 janvier furent signées les conventions militaires. Bismarck exige que la paix soit signée par un pouvoir légal. Le gouvernement "provisoire" capitule et annonce l'élection, le 8 février 1871, d'une assemblée nationale. 
Comme on pouvait le prévoir, les ruraux qui forment une forte majorité des électeurs, se prononcent pour les défenseurs de l'ordre et pour les partisans de la paix. Thiers plébiscité dans 26 départements, est nommé « Chef du pouvoir exécutif de la République Française.» et chargé à ce titre de négocier les termes du désastreux traité de Francfort (10 mai 1871) qui exige de la France la cession de l'Alsace et la Lorraine et le paiement d'une indemnité de 5 milliards de francs. L'armistice général intervint le 18 février.
Gambetta à presque tout perdu sauf la République et l'honneur d'avoir été un grand résistant.... il alla jusqu'à participer à l'élection du 8 février où il se fit élire dans beaucoup de départements et opta finalement pour le Bas-Rhin département alsacien : Gambetta résistant jusqu'au bout ! 
Thiers a presque tout gagné dont le traité de Francfort et la Commune à Paris.....

Gambetta fit un intermède repos de quelques mois en Espagne. Il n'était plus député, l'Alsace étant devenue Allemande. 
Il revint en France en juin 1871 et fut élu député en juillet ; parfois opposant, quelques fois ministre et même président du Conseil. .... Léon Gambetta meurt le 31 décembre 1882 chez lui à Sèvre.... il n'avait que 43 ans. 

 

  Sources : Le Gambetta de Jacques Chastenet publié chez Fayard en 1968. Un livre de 391 pages dont je me suis surtout intéressé pour cet article aux 200 premières pages de ce livre.
J'ai aussi fait quelques emprunts au livre d'Alain Plessis « De la fête impériale au mur des fédérés.»  (1852-1871). Et plus particulièrement au chapitre « du déclin à la débâcle» (pages 212 à 224). 
J'ai enfin comparé certaines informations des livres avec des articles de wikipedia, de façon à être le moins long possible sur un sujet.

 

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