UNE HISTOIRE DE FAMILLE Chapitre 6 : NOUVELLES MISSIONS ET CHOSES DE LA VIE
RETOUR EN FRANCE
Après la traversée de la Méditerranée, nous débarquons au port de Sète avec la voiture achetée au Maroc et nous nous dirigeons vers Arles. Nous nous installons dans notre appartement en attendant de connaître la prochaine affectation de Daniel et pour réceptionner nos affaires envoyées en frêt.
Daniel ne prend pas de vacances car il est impatient de savoir où sera le prochain chantier afin de pouvoir s'y installer en famille et inscrire les enfants pour la rentrée scolaire.
Après ces 6 années en Afrique nous souhaitons nous poser quelque temps en France. Daniel prend contact avec la Direction parisienne pour s'informer des possibilités d'affectation en France. Rapidement on lui propose un poste sur un chantier de barrage en Alsace, près de Mulhouse.
Il décide de s'y rendre pour rencontrer le responsable de la région Est et discuter des conditions. Ils font une visite sur le chantier et le contact avec l'Entreprise en charge de la construction du barrage étant positif, il accepte le poste.
Ce barrage permettra de réguler la nappe phréatique et d'assurer l'approvisionnement en eau potable l'agglomération mulhousienne et de ses environs.
Nous allons en famille sur place pour chercher un appartement, que nous trouvons rapidement à Wittelsheim, petite ville minière dans la banlieue de Mulhouse, et dans la foulée nous inscrivons les enfants à l'école.
De retour à Arles, je prépare notre déménagement. Et début septembre nous sommes installés dans le Haut Rhin. Pour nous le dépaysement est grand tant sur le plan environnement que culturel. La langue parlée est essentiellement l'alsacien.
En Alsace, le catéchisme est enseigné à l'école publique et nous ne souhaitons pas que nos enfants suivent cet enseignement, nous demandons à ce qu'ils en soient dispensés.
Eric et Cécile s'adaptent bien et se lient d'amitié avec les enfants de leurs classes et curieusement avec des enfants marocains ; le séjour au Maroc y est-il pour quelque chose ?
Nous les inscrivons à diverses activités extra-scolaires comme le tennis, le judo et le solfège, ce qui leur manquait lors de nos séjours à l'étranger.
Nous allons passé les vacances de Noël en famille en région parisienne.
C'est à cette occasion que Daniel dit à son oncle Didi qu'il travaille depuis 6 mois à la construction d'un barrage dans la cuvette de Michelbach à coté de Cernay dans le Haut Rhin. Il n'a pas besoin de lui donner plus de précisions, il connait parfaitement le coin. Il lui raconte qu'en 1944, son bataillon avait été chargé de déloger une poche de résistance allemande à l'endroit où se faisait le barrage.
Lors des travaux de terrassements nous avons eu beaucoup de problèmes avec les bombes et obus régulièrement trouvés...."Tu m'étonnes..." me dit-il avant de me raconter en détail l'histoire.
Nous mettons à profit les week-ends pour découvrir la région et des villes comme Colmar, Gérardmer, Mulhouse, nous allons visiter le Château du Haut Koenigsbourg.
Nous avons aussi la possibilité d'aller à la patinoire.
Nous faisons aussi quelques tentatives de ski, mais nous jouons à chaque fois de malchance, la météo n'est pas avec nous.
Au mois de mai, la mère et Annie, la sœur de Daniel, viennent nous rendre visite.
Ce printemps nous réserve une surprise, Daniel reçoit un coup de téléphone d'un collègue de la Direction qui souhaite visiter le chantier. Il arrive le lendemain et au cours de la journée il remet à Daniel un coffret contenant une décoration marocaine, l'étoile de Chevalier de l'ordre du Ouissan Alaouite, au titre de sa participation à la construction du barrage d'Al Massira. Daniel est très ému.
Avant la fin de l'année scolaire je m'occupe de l'inscription d'Eric au collège et il me faut lutter pour qu'il soit inscrit avec l'option "Anglais première langue" car ici pratiquement tous les enfants parlent alsacien et prennent l'Allemand. Il m'a fallu argumenter du fait que nous n'étions que de passage en Alsace et que pour notre fils il était impératif d'apprendre l'anglais pour la suite de ses études.
C'est la fin de l'année scolaire et nous apprenons le décès d'Ernest, le grand père de Daniel et nous nous rendons à ses obsèques en juillet.
Je m'aperçois que je suis enceinte. C'est une bonne nouvelle car nous souhaitons agrandir notre famille.
Nous passons quelques jours chez mes parents puis nous prenons la direction de Arles où je vais passer l'été avec les enfants.
L'appartement devenant trop petit pour loger la famille nous le mettons en vente et nous recherchons une maison dans la région. Tout cela se fait rapidement, l'appartement trouve preneur et nous faisons le choix d'une maison dans le Gard, à Bezouce.
Puis comme chaque été nous allons voir nos amis Jean-François et Annick à Vic où nous retrouvons aussi Christian et Françoise.
Nous vidons notre appartement et mettons nos affaires chez un garde-meuble en attendant d'avoir les clés de la maison. La rentrée approche et nous quittons le sud pour l'Alsace.
Eric fait son entrée au collège, c'est le début d'une certaine autonomie car il doit prendre le car pour s'y rendre. Cécile est en CM1.
En septembre mes parents viennent nous rendre visite à Wittelsheim.
Pour les vacances de la Toussaint, nous récupérons les clés de la maison pour réceptionner nos affaires à Bezouce. Il fait très froid et la maison n'est pas chauffée. A ce moment là nous prenons la mesure de ce qu'il nous faudra faire quand nous nous installerons l'été prochain.
Cette année nous n'allons pas à Chennevières pour les vacances de Noël, c'est Malou et Gilles qui viennent nous voir. Malou attend aussi un bébé.
1981 - LA FAMILLE S'AGRANDIT
Ce début d'année est calme et nous attendons tous avec impatience la naissance du bébé qui est prévue pour la mi-mars. Eric et Cécile sont mis à contribution pour lui trouver un prénom. L'unanimité se fait autour de "Didier" si c'est un garçon. C'est le prénom du fils de Jean-François et Annick qui est un enfant attachant.
Je vais à l'hôpital à Mulhouse, le 13 mars pour une visite prénatale, les médecins décident de me garder car le terme est proche et j'ai trop de tension. Daniel doit s'occuper d'Eric et Cécile, qui apprécient moyennement les salades "interminables".
Comme chaque jour, le 17 mars dans l'après-midi Daniel vient aux nouvelles et comme on l'informe que la naissance n'est pas pour tout de suite, il rentre faire manger les enfants. Mais pour moi les choses se précipitent et le travail commence, Daniel est prévenu de l'imminence de la naissance. Tout va très vite et quand il revient à l'hôpital Didier est né.
Au bout de quelques jours, je rentre à la maison avec Didier. Mes parents, Paqui et Thierry viennent faire connaissance avec leur nouveau petit-fils et neveu.
Avec l'arrivée de Didier, la Simca 1100 s'avère un peu petite et nous achetons une Renault 18 par l'intermédiaire de Thierry qui travaille dans un garage Renault.
Pour les vacances de Pâques la mère de Daniel vient à son tour à Wittelsheim, avec Marylène, la fille de Serge.
Au mois de mai c'est Malou qui accouche de Sonia.
A la Pentecôte nous allons chez mes parents à Chennevières, et le week-end nous nous retrouvons tous chez Paqui autour des deux derniers nés.
INSTALLATION A BEZOUCE
L'année scolaire se termine et la suite du chantier étant aléatoire (il sera arrêté pendant la période hivernale), nous décidons que je m'installe avec les enfants à Bezouce. Nous libérons notre appartement et organisons le déménagement.
Nous nous installons dans notre maison et Daniel récupère les jours de congés en retard qui lui restent à prendre.
La maison est neuve mais il reste beaucoup de choses à faire à l'extérieur : les terrasses et la clôture.
Mes parents viennent accompagnés de Paqui, Thierry, Yann et Virginie mais Thierry qui n'est pas en vacances, retourne travailler à Champigny.
Nous fêtons l'anniversaire de Cécile.
Mon père veut à tout prix que l'on entame rapidement la clôture pour qu'elle soit terminée avant que Didier marche ! Il se met aussi en tête de bêcher le jardin qui est plein de gros cailloux.
Daniel fait des aller-retour en train en Alsace.
Fin août nous nous rendons au mariage d'Annie et Michel à Aurillac et nous décidons de prendre la route la plus courte ce qui s'avère un mauvais choix, nous mettons plus de 7 heures pour faire le trajet.
Pendant ce temps-là mes parents partent à Santander pour vendre leur appartement et repassent par Bezouce à leur retour avant de rentrer à Chennevières.
En septembre Annie et Michel viennent nous voir à Bezouce avant de retourner en région parisienne.
Eric fait sa rentrée en 5ème au collège de Marguerittes et Cécile en CM2 à l'école de Bezouce. Sa maitresse est notre voisine et c'est avec elle qu'elle se rend à l'école tous les jours.
Daniel essaye de rentrer tous les week-ends et Didier qui doit avoir un sixième sens, est très excité les jours où son père va arriver.
Quelques jours avant les vacances de la Toussaint, mon père est hospitalisé. Il a fait un infarctus. Nous partons donc à Chennevières avec les enfants et nous allons le voir à l'hôpital Henri Mondor de Créteil. Les médecins nous informent que son état est grave et qu'il doit subir un pontage coronarien. Et rendez-vous est pris pour l'opération pour le vendredi 13 novembre, "ça lui portera bonheur !" me dit la personne qui note le rendez-vous.
Mon père nous demande de ne pas laisser ma mère toute seule et nous l'emmenons avec nous à Bezouce. La veille de l'opération elle rentre à Paris en train et se rend avec mes sœurs au chevet de mon père. Nous les rejoindrons le week-end avec Didier, nous avons laissé Eric et Cécile chez des amis. Trois jours après l'opération mon père n'est toujours pas sorti de l'anesthésie. "C'est un réveil tardif, nous disent les médecins, il faut attendre". Mon oncle qui est venu voir son frère a essayé de dialoguer avec lui et l'a entendu murmurer "je ne peux pas" puis une larme a coulé.
Les médecins n'étant pas en mesure de nous donner plus de précisions et qu'il nous faut récupérer Eric et Cécile, nous repartons à Bezouce avec ma mère. Nous prenons des nouvelles par téléphone et le vendredi 21 novembre on nous informe que si mon père ne se réveille pas maintenant il aura des lésions irréversibles au cerveau. Le samedi je reçois un coup de téléphone de Gilles m'annonçant que mon père avait cessé de vivre. Nous annonçons la mauvaise nouvelle à ma mère.
Nous refaisons une nouvelle fois le trajet pour nous rendre à ses obsèques à Chennevières.
Seuls Rafaël en larmes, Daniel et Gilles assistent à la mise en bière. Mes sœurs et moi ne nous sentons pas la force d'y aller, nous souhaitons garder l'image vivante de notre père.
Nous n'avons pas souhaité que les enfants assistent à l'enterrement. Yann qui passaient beaucoup de temps avec mon père est très affecté.
Nous rentrons à Bezouce avec ma mère qui restera quelque temps avec nous.
Pendant toute cette période Didier a fait des otites à répétition et pleurait beaucoup.
Depuis cette époque, je n'aime pas cette période de l'année.
A SUIVRE . Dernières missions en Afrique