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Saga Africa & Co....Le bon et le brutal temps des colonies

15 Octobre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #saga africa

J’avoue porter un grand intérêt pour tout ce qui concerne l’exploration, la conquête et la colonisation des continents du 16ème au 19ème siècle. Des conquistadors à la recherche de l’Eldorado aux pionniers de l’ouest américain, toutes ces épopées, ces aventures me passionnent. En ses temps de repentance ce n’est peut-être pas politiquement très correct, mais j’assume. Quand je précise, en plus, que j’aime par-dessus tout, l’Histoire de la colonisation de l’Afrique, je vois mes amis me lancer des regards sourcilleux. Pourtant n’est-il pas important de connaître l’Histoire, toute l’Histoire, et ne pas en rester aux quelques pages simplistes, sur ce sujet, des manuels scolaires ; d’autant que les autres moyens de diffusion de la connaissance comme le cinéma et la télévision ne sont, en France, pas très prolixes dans le domaine.  
Je regrette le manque d’intérêt du cinéma français pour ces sujets. Il n’y eut que de très rares tentatives comme le magnifique « Fort Saganne ». Récemment, Serge Moati a osé s’attaquer, pour la télévision, à l’histoire de la mission Voulet-Chanoine et c’est tout à son mérite d’avoir brisé un tabou concernant le comportement de certains officiers français chargés des conquêtes et de la pacification. J’ai souvent raconté à des amis cette triste aventure, en précisant que ce serait le thème idéal pour réaliser un grand film sur la colonisation française ; en se basant sur le livre de J.F. Rolland paru en 1976 « Le Grand Capitaine », un réalisateur de talent pourrait en faire une sorte d’Apocalypse Now à la française.  Moati a fait en bon téléfilm mais j’ai été, quand même plutôt déçu au regard de mon attente et ce malgré la présence de Richard Bohringer dans le rôle du colonel Klobb celui qui a sauvé l’honneur patriote. Je suis certain qu’avec un vrai projet pour le cinéma on aurait pu faire beaucoup mieux. Ceci dit, merci, M. Moati, d’avoir osé et entrepris.
    Yaoundé le 12 octobre 1985. Quelques militants de l’ADFE (Association Démocratique des Français de l’Etranger), ont été invités chez Yves C. pour rencontrer Pierre Biarnès. Il n’y avait pas de mystère, Pierre qui venait assez régulièrement nous voir à Yaoundé (1 ou 2 fois par an), était cette fois en campagne et il se déplaçait pour gagner nos suffrages dans le cadre de la procédure de désignation des sénateurs représentants les français de l’étranger.
La partie politique fut rapidement expédiée, les suffrages de l’ADFE ne pouvaient pas, en effet, lui échapper. Un peu plus tard, à la demande de notre hôte qui avait eu des confidences, Pierre se mit à nous parler du livre qu’il était en train d’écrire et la soirée devint alors….magique. Aujourd’hui, 23 ans plus tard je m’en souviens comme si c’était avant-hier. Le livre en question parut en mai 1987 chez Armand Collin, sous le titre « Les Français en Afrique noire de Richelieu à Mitterrand »
Pierre Biarnès était alors journaliste, écrivain et historien, il vivait à Dakar et avait été pendant près d’un quart de siècle le correspondant du Monde en Afrique occidentale et équatoriale. Il avait surtout publié en 1980 un ouvrage qui avait eu un grand retentissement, « L’Afrique aux africains ». Il était aussi, disait-on, et lui ne démentait pas, chargé par le président Mitterrand, de divers contacts officieux, avec des chefs d’état Africains. C’était, semble t-il le cas au Cameroun où le président Paul Biya venait 15 mois plus tôt d’échapper à une tentative de coup d’état.
Ce soir là, et pour que la conversation ne se résume à un passionnant cours magistral, quelques-uns d’entre nous jouaient aux bons élèves et je fus de ceux là : Ayant passé 3 ans au Zaïre, j’étais fier de lui dire ce que je savais de la pénétration au Congo de Stanley et sa confrontation à distance avec Savorgnan de Brazza. Bien vite il dut corriger quelques approximations que je faisais et je préférai, ensuite, me mettre un peu moins en avant.
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Il s’attarda plus particulièrement sur la colonisation du Sénégal, son second pays. Il vouait une grande admiration pour le Général Faidherbe, militaire républicain et franc-maçon, ami de Schoelcher, mais restant avant tout un grand militaire qui avait pour mission de pacifier et d’unifier le Sénégal. La réussite de cette mission passait par la mise au pas des Toucouleurs et de leur redoutable chef El Hadj Omar Tall.
Biarnès se montrait aussi admiratif des talents de chef de guerre du Calife Hadj Omar que de la compétence militaire de Faidherbe. El Hadj Omar avait pris exemple sur les peuls originaires du Fouta Djalon, dont leur chef Ousmane Dan Fodio, puis son fils Mohamed Bello, avaient créés un vaste empire qui s’étendait de la Guinée au Nigeria et qui, ayant enraciné l’Islam dans ces vastes régions, résistaient à la pénétration des occidentaux. Partant à son tour en guerre sainte, contre les envahisseurs français, Hadj Omar qui avait symboliquement épousé une fille de Mohamed Bello cherchait à créer lui aussi un empire qui à partir du Fouta Toro étendrait le pouvoir Toucouleur sur la majeure partie de l’Afrique occidentale. La guerre entre l’armée française et les Toucouleurs dura 10 ans et se termina tragiquement en 1864, pour Hadj Omar Tall.
Etonnés et passionnés par le récit et la faconde ardéchoise de l’auteur nous l’avons relancé sur les autres cas de résistance armée aux conquêtes françaises. Il évoqua alors successivement le roi d’Abomey, Béhanzin qui résista plusieurs mois à la tête de ses troupes, puis fut arrêté, déporté à la Martinique pour être remplacé par un prince fantoche qui ne fit aucune difficulté à reconnaître le protectorat français. Biarnès cita ensuite le sultan Rabah, aventurier arabe, marchand d’esclaves, ancien lieutenant de Ziber Pacha qui luttait au Soudan contre les anglais ; Rabah, après s’être emparé de l’ancien empire du Bornou, mis à feu pendant 10 ans le Tchad et l’Oubangui avant d’être vaincu par l’armée de Lamy. Lamy et Rabah trouvant tous deux la mort dans ces ultimes combats.
Enfin Biarnès évoqua l’Almany Samory Touré (*) celui qui résista plus de 30 ans à l’armée française. S’il résista aussi longtemps c’est qu’il était, non seulement, un redoutable guerrier, mais aussi un fin diplomate qui savait faire des concessions et signer des accords de paix très temporaires : Le temps de se réarmer et de reconstituer des troupes, parfois même de changer de territoire passant du pays malinké (ses origines) au nord de l’actuelle Côte d’Ivoire puis au sud du fleuve Niger, pour enfin se faire prendre avec le peu qui lui restait de troupes en 1898 près de chez lui en Guinée. Arrêté il fut déporté au Gabon où il mourut 2 ans plus tard. (*) Sékou Touré le dictateur Guinéen, décédé en avril 1984, prétendait être l’arrière petit fils de Samory. C’est ce que j’avais appris lors de mon séjour en Guinée en 1982.
Par bien des aspects, et à l’exception du caractère religieux de ses croisades anti-françaises, l’itinéraire du guerrier Malinké Samory n’est pas sans rappeler celle du guerrier Apache Géronimo….et, sensiblement à la même époque. Quel réalisateur de talent pourrait porter au cinéma l’histoire de Samory Touré. (**) Voir aussi sur Internet des sites racontant l’histoire de Samory dont Reza-Ivoire.net Figure africaine. L’Almany Samory Touré.
Depuis cette soirée du 12 octobre 1985, je pense n’avoir revu Biarnès qu’une seule fois, c’était au Congrès PS de Bordeaux en 1992. Il était devenu Sénateur, et je suis allé le saluer ; il ne m’a pas reconnu immédiatement, mais dès que j’évoquai Yaoundé il me dit «  Ah oui tu es le mec des TP….. » et je lui avais répondu «  Si je t’avais eu comme prof d’histoire vers 16 ou 17 ans j’aurais peut être eu d’autres vocations»….. Ce qui était idiot et parfaitement injuste, car mon métier de bâtisseur est passionnant….et, de plus, il m’a permis de connaître l’Afrique.
Depuis je n’avais plus eu la moindre information sur Pierre Biarnès et ne l’ayant jamais plus rencontré dans des instances socialistes je pensais qu’il n’avait pas été reconduit comme Sénateur voire……. Dernièrement j’ai fait des recherches par Internet et j’appris avec plaisir qu’il siégeait toujours au Palais Bourbon mais dans le groupe Communistes, Républicains et Citoyens. Biarnès avait tout simplement quitté le PS juste après 1992 dans le sillage de Jean Pierre Chevènement.
Salutations amicales, Professeur.                                  (A suivre)
 
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D
lynette c' est dans avant Didi ....la pêche aux moules.<br /> a +
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L
bonjour,<br /> je cherchais l'article sur les carrelets de Fouras... mais je ne l'ai pas trouvé....
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