Ciné-cure....... Les Compères...
Bien sûr le choix du film Les Compères n'est qu'un prétexte pour une analyse politique. Aujourd'hui j'ai dans le collimateur quatre journalistes. La bande des quatre, les journalistes adoubés, assermentés, déférents qui, jeudi soir, ont servi la soupe au président de république. Quelle nécessité de se conduire d'une façon aussi obséquieuse alors que Sarkozy, bonimenteur hors pair, n'a vraiment besoin de personne pour tirer profit de fausses vérités (boni - menteur). Les compères (les personnes qui aident un autre pour faire une supercherie) Pujadas, Ferrari, Lagache et Duhamel le retour se sont bien tenus à carreaux. Aucun n'a osé interrompre ou contredire le président et pourtant il y avait matière : En guise d'impertinence ils l'ont tout au plus accompagné par quelques relances prévenantes. Pensez donc, devant 15 millions de spectateurs, il en a fallu beaucoup moins à un préfet et à un commissaire pour se faire muter.
En effet il y avait beaucoup à dire en questionnant intelligemment et en étant vraiment à l'écoute de réponses prévisibles et des annonces de circonstance : Pujadas par exemple qui a presque osé poser la bonne question sur le côté amortisseur de crise du système social français, que Sarkozy a d'ailleurs lui-même reconnu, il y a peu, hors micro.... Mais pas ce soir là, pas à la télé devant son électorat qui l'a élu pour faire la peau aux 35 heures pour remettre au boulot tous ces fainéants de socialos... Sarkozy a senti le danger politique et a éludé la question en appelant le journaliste à préciser sa pensée.... et le pâle présentateur de JT est passé, prudemment, à autre chose.
Quand Sarkozy a évoqué la possibilité de supprimer la première tranche de l'impôt sur le revenu... il aurait pu y avoir quelqu'un pour lui demander ce qui serait fait pour compenser cette perte de recette : déficit supplémentaire, acte de contrition vis-à-vis du cadeau de 15 milliards d'euros fait en début de mandat aux plus fortunés ? Idem pour la suppression de la taxe professionnelle qui représente une grosse partie des recettes des communes et des départements. Qu'est ce qui va compenser ? La taxe d'habitation ? Que de questions utiles auraient pu poser ces ersatz de journalistes.
Et les subtils mensonges par omission ne méritaient-ils pas quelques précisions : « L'argent prêté aux banques n'a pas coûté un centime aux français » : Cela ne devait-il pas entraîner une relance du genre : «Et les milliards pour renflouer Dexia ?» Il est vrai que l'agence Reuter a attendu aujourd'hui pour annoncer que la Banque avait déjà utilisé plus de la moitié des fonds de garantie.
Mais prétexte ou pas il me faut faire une parenthèse pour parler quand même un peu cinéma. (Oui je sais, Sarko c'est aussi du cinoche et c'est bien ça qui est grave)
J'aime bien Francis Véber ; peut être pas tout Véber et dans mon hit du cinéma français il reste à bonne distance de mes préférés comme Becker, Annaud, Tavernier et Jaoui pour ne parler que des réalisateurs encore en activité et je n'ose évoquer ni le regretté Claude Berri ni le maître Sautet, mais je le situe dans le peloton de tout ceux qui m'ont ému fait rêver, rire ou pleurer comme Enrico, Carné, Melville, Verneuil, Malle, Truffaut, Renoir ou même Autant Lara qui a si mal tourné en vieillissant..... et j'en oublie tant en chemin ....
Véber ce n'est pas mal du tout....Si je n'avais pas eu besoin de ce titre prétexte, j'aurai plutôt parlé de La Chèvre, le meilleur film de la trilogie Depardieu / Richard. (La chèvre, les compères, Les fugitifs).
Malgré l'excellent Dîner de cons je me demande si Francis Véber n'est pas, avant tout, un exceptionnel scénariste-dialoguiste qui a peut être eu le tort de vouloir devenir réalisateur. Ses répliques sont d'un mordant qui font honneur à son grand oncle Tristan Bernard. S'il pouvait inspirer les pseudos journalistes qui interviewent le président.
Comme scénariste il a contribué aux deux excellents films d'Yves Robert « Le grand blond avec une chaussure noire » et « Le retour du grand blond ».
Il est aussi incontestablement associé au succès de « L'Emmerdeur » d'Edouard Molinaro. Le remake qu'il a réalisé récemment, n'a pas eu les faveurs des critiques et du public. Il faut reconnaître que c'était une gageure de vouloir remplacer Lino Ventura et Jacques Brel.
Véber a aussi travaillé avec bonheur pour Lautner, De Broca, Granier-Deferre (Adieu Poulet), Annaud, Oury, Arcady et plusieurs fois avec Molinaro dont La Cage aux folles.
Comme réalisateur il fait des entrées (au total plus de 40 millions) mais ses derniers films Le Jaguar, Le Placard, Tais-toi ont fait dans la facilité. L'avant dernier La doublure était bien, de la même veine que la trilogie Depardieu / Richard et le Dîner.
Je ne sais rien des positions politiques de Veber et je m'en fous mais il est clair que si les journalistes qui questionnent le chef de l'Etat, pouvaient avoir eu un tel professeur de répliques ... ça ferait du bien au débat politique ...... et peut être même au principal intéressé car si l'on en croit le sondage CSA publié aujourd'hui (36% des Français n'ont pas jugé le chef de l'Etat convaincant contre 52 %. Sa politique n'est pas jugée efficace par 59 % pas juste pour 56% et pas cohérente par 51%). Bonjour les dégâts .... mais l'omniprésent est trop fier de voir, fleurir à foison, des comparaisons bonapartistes pour s'apercevoir de ses erreurs et ne pas prendre son pied devant le comportement obséquieux des journalistes retenus pour l'exercice.
J'ai bien apprécié l'émission spéciale qui a suivi sur France 2. L'inénarrable Yves Calvi pensait sans doute manager sans trop de difficultés un débat avec 4 éditorialistes politiques : Deux considérés comme critiques (et de gauche) Edwy Plenel et Nicolas Domenach et une autre modérée Sylvie Pierre Brossolette et ..... enfin pour représenter le journal les Echos son PDG Nicolas Beytoux du groupe LVMH (De Bernard Arnauld, 1ère fortune de France et grand ami du Président). C'était à priori blindé..... et bien non c'était sans compter sur la pugnacité de Plenel et Domenach et la modération rééquilibrée de Sylvie P.B. Ah ! Calvi eut bien du mal, ce qui l'a conduit une fois n'est pas coutume à jeter le masque de la neutralité et à montrer son vrai visage de brave grognard sarkozyste. Dommage qu'à cette heure là il n'avait plus qu'un petit million de téléspectateurs :
Après les banderilles notamment de Plenel contre les effets d'annonces, les incohérences, les contradictions, les mensonges par omission ou habileté de langage, le constat du désarroi du Président devant la plus grande catastrophe depuis un siècle et enfin face au comportement honteux des journalistes .....le coup de grâce, pour Calvi, vint de Domenach.
« Depuis qu'il est élu le Président nous disait en privé que le plus difficile c'est de se faire élire car après gouverner c'est fastoche... »..... Ah, le besoin de se faire mousser !
Calvi désarçonné prend la réplique à la rigolade « Vous avez bien de la chance de recevoir en secret des confidences du président »
Et Domenach de lui répondre du tac au tac « Ce n'est pas si secret que ça car je ne suis généralement pas seul, n'est-ce pas Sylvie ? » Et celle-ci d'acquiescer par un discret sourire.
Décidément il y a péril dans la demeure élyséenne si le service après vente n'est plus assuré dans les émissions qui analysent les prestations télévisées du Président.
A suivre