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No pasaran ......Letre à Franco.... (suite à Miendras dure la guerra)

23 Février 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #no pasaran

Rappel : Cet article est la suite du précédent. Initialement ce n'était qu'un seul article beaucoup trop long et j'ai du le scinder en deux articles. Il donc nécessaire d'avoir lu la première partie avant de poursuivre avec celle-ci qui se termine par la lecture d'une lettre à Franco reprise et corrigée par Miguel Unamuno.  

 La ville de Tolède étant récupérée, l'Alcazar libéré, et avant d'entreprendre la bataille de Madrid, Franco doit consolider son pouvoir. Une dizaine de jours après la réunion de Salamanque qui l'avait désigné chef du commandement, les principaux généraux rebelles sont réunis à Burgos le 1er octobre pour valider le programme de celui qui se proclame déjà Generalissimo et chef d'État. Le général Miguel Cabanellas n'est pas d'accord pour que Franco s'octroie le titre de chef d'État. Le frère de Franco fait alors ajouter au texte "le temps que dure la guerre" ce que finit d'accepter l'ancien responsable de la junte..... Mais au moment de signer le texte il constate que cette précision a disparu. Après avoir encore contacté un proche il finit par signer (version du film.) Diverses recherches sur internet privilégient l'abstention...... Cabanellas était franc-maçon et fut en 1933 député du parti radical. En juillet 1936 il était nommé chef de division à Saragosse, d'où il déclara le 19 juillet son soutien aux nationalistes. Quand il signe le texte ou s'abstient il aurait dit à ses collègues généraux rebelles : " Vous ne savez pas ce que vous faites parce que vous ne connaissez pas Franco comme moi étant donné qu'il était sous mon commandement dans l'armée africaine... Il pense que ce poste est le sien et il ne permettra à personne de le remplacer dans, ou après la guerre et jusqu'à sa mort."  Cabanellas est mort le 14 mai 1938 à Malaga en zone rebelle. Franco prit alors le nom de " Caudillo " en souvenir des chevaliers espagnols ayant repoussé les arabes hors d'Espagne au Moyen-âge.
 Miguel de Unamuno reçoit la femme du maire qui éplorée lui dit être contrainte d'accepter pour nourrir ses enfants l'aide d'argent qu'il lui avait proposé après l'arrestation de son mari. Le professeur lui répond qu'aujourd'hui il ne peut plus. Est ce à dire qu'il ne croit plus au retour du maire ou est ce ainsi qu'elle comprend sa réponse car elle le traite d'assassin. Maria la fille de Miguel gifle la jeune femme puis la prend dans ses bras et elles pleurent longuement ensemble. Le lendemain Unamuno se rend chez la femme d'Atilano Coco et lui confesse leur dispute, par sa faute, du dernier jour où ils se sont vus. Et si, il est passé le soir c'est qu'il voulait lui demandé pardon. Enriqueta lui répondit qu'il lui avait certainement pardonné avant d'être arrêté.
 Le 12 octobre était jour de la fête de la race (qui aujourd'hui s'appelle en Espagne fête de l'hispanité). Franco ne pouvant s'y rendre il fut remplacé par sa femme Doña Carmen et par son fidèle général Millan Astray. Il y avait aussi d'autres généraux et encore d'autres personnalités dont l'évêque et bien sûr le recteur de l'université puisque la cérémonie se déroulait dans l'amphithéâtre de l'université. Avant de se rendre à la cérémonie Maria recommande à son père de ne pas faire de discours. Miguel acquiesce : " je n'ai rien à dire à cette absurde fête". L’amphithéâtre était remplit à craquer de soldats qui viennent écouter leur idole le général Millan Astray qui va chauffer la salle par des discours haineux.

 Miguel de Unamuno ne voulait pas prendre la parole mais il sent qu'il ne peut pas ne pas intervenir. Il sort un crayon et cherche un papier ; il fouille dans ses poches et en trouve un, c'est la lettre à Franco que lui avait apporté Enriqueta.... et il commence à prendre des notes. Il sera le dernier à passer, en tant que recteur. Je reporte ci-après La reconstitution du discours par Edouard Bustin

«  Vous êtes tous suspendus à ce que je vais dire. Tous vous me connaissez, vous savez que je suis incapable de garder le silence. En soixante-treize ans de vie, je n’ai pas appris à le faire. Et je ne veux pas l’apprendre aujourd’hui. Se taire équivaut parfois à mentir, car le silence peut s’interpréter comme un acquiescement. Je ne saurais survivre à un divorce entre ma parole et ma conscience qui ont toujours fait un excellent ménage. Je serai bref. La vérité est davantage vraie quand elle se manifeste sans ornements et sans périphrases inutiles. Je souhaite faire un commentaire au discours, pour lui donner un nom, celui du professeur Maldonado, présent parmi nous. Laissons de côté l’injure personnelle d’une explosion d’invectives contre Basques et Catalans. Je suis né à Bilbao au milieu des bombardements de la seconde guerre carliste. Plus tard, j’ai épousé cette ville de Salamanque, tant aimée de moi, sans jamais oublier ma ville natale. L’évêque, qu’il le veuille ou non, est Catalan, né à Barcelone. On a parlé de guerre internationale en défense de la civilisation chrétienne, il m’est arrivé jadis de m’exprimer de la sorte. Mais non, notre guerre n’est qu’une guerre incivile. Vaincre n’est pas convaincre, et il s’agit d’abord de convaincre ; or, la haine qui ne fait pas toute sa place à la compassion est incapable de convaincre… On a parlé également des Basques et des Catalans en les traitant d’anti-Espagne ; eh bien, ils peuvent avec autant de raison dire la même chose de nous. Et voici monseigneur l’évêque, un Catalan, pour vous apprendre la doctrine chrétienne que vous refusez de connaître, et moi, un Basque, j’ai passé ma vie à vous enseigner l’espagnol que vous ignorez.......... ( Premières interruptions, “Viva la muerte ! etc.)   Moi qui ai passé ma vie à forger des paradoxes qui mécontentaient tous ceux qui ne les comprenaient pas, je dois vous dire avec toute l’autorité dont je jouis en la matière que je trouve répugnant ce paradoxe ridicule. Et puisqu’il s’adressait au dernier orateur avec la volonté de lui rendre hommage, je veux croire que ce paradoxe lui était destiné, certes de façon tortueuse et indirecte, témoignant ainsi qu’il est lui-même un symbole de la Mort. Une chose encore. Le général Millán Astray est un invalide. Inutile de baisser la voix pour le dire. Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Mais les extrêmes ne sauraient constituer la norme. Il y a aujourd’hui de plus en plus d’infirmes, hélas, et il y en aura de plus en plus si Dieu ne nous vient pas en aide. Je souffre à l’idée que le général Millán Astray puisse dicter les normes d’une psychologie des masses. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès qui était un homme, non un surhomme, viril et complet malgré ses mutilations, un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. Le général Millán Astray ne fait pas partie des esprits éclairés, malgré son impopularité, ou peut-être, à cause justement de son impopularité. Le général Millán Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute – qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne à entendre.......... (Nouvelles interruptions, “Abajo la inteligencia !” etc.). Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. 

Il se dit qu'Unamuno manqua d’être lynché, et qu’il dut son salut à Doña Carmen l’épouse de Franco, qui le prit par le bras et le raccompagna jusque chez lui. C'est d'ailleurs la version du film.

Ce grand intellectuel, écrivain, philosophe, homme de passions animées de contradictions, devait finalement s’éteindre, assigné à résidence, gardé par des phalangistes, le dernier jour de l’année 1936. Quelques semaines plus tôt le 9 décembre Atilano Coco avait été officiellement libéré sur l'ordre du gouverneur militaire, mais en réalité il a été emmené au mont Orbada sur la route de Valladolid où il fut fusillé.  

Rappel : les paragraphes en couleur noire sont de ma rédaction après avoir vu le film deux fois, la deuxième fois pour prendre des notes repères. Les paragraphes de couleur bleue sont des informations complémentaires trouvées sur internet.  

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