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A livre ouvert…. Pierre Boulle et le mystère de Néfertiti

17 Mai 2016 , Rédigé par niduab Publié dans #à livre ouvert

Début avril je me suis rendu à la bibliothèque municipale avec l’espoir de trouver quelques romans de Pierre Boulle. Je rentrais d’un voyage en Thaïlande au cours duquel l’auteur du « Pont de la Rivière Kwaï » fut évoqué du côté de Kanchanaburi. De notre groupe j’étais, semble-t-il, le seul à connaitre cet écrivain et à l’avoir un peu lu ; mais j’avais presque mauvaise conscience de l’avoir trop vite quitté, à la fin des années 60, puis oublié : j’avais lu « Le pont de la rivière Kwaï » puis « La planète des singes » (après avoir vu les films) et je suis certain d’avoir lu « Le sacrilège Malais » et peut-être « Un métier de seigneur ». mais tout ça c’est si loin.... C’est ce qui m’a conduit à la bibliothèque municipale, si proche.

En rayon je n’ai trouvé qu’un roman « L’archéologue et le mystère de Néfertiti »(Edition Le cherche midi) ; j’étais déçu car j’espérais trouver un classique, un roman de guerre dans le sud-est asiatique. J’ai alors consulté sur l’ordinateur public la liste des ouvrages disponibles et j’ai trouvé ce que je cherchais : il y avait « Les romans héroïques » dans la collection Omnibus ; un pavé regroupant neuf romans écrits pour la plupart dans les années 50 à partir de son expérience personnelle, guerre et jungle asiatique entre 1936 et 1946.

Pendant qu’une employée allait à la réserve récupérer ce livre qui n’était plus exposé, faute de lecteur, je retournai au rayon jeter un coup d’œil au roman qui traite du mystère de Néfertiti. Je ne suis pas spécialement connaisseur de l’histoire de l’Egypte antique mais pourquoi ne pas le prendre aussi ? D’autant que ces derniers jours les médias fantasmaient : Néfertiti repose-t-elle dans la vallée des rois dans une chambre funéraire à côté de celle de Toutankhamon ?

En parcourant le résumé au dos du livre j’apprenais que le manuscrit de ce roman fut découvert en 1999,  cinq ans après le décès de l’écrivain, par sa nièce Christiane et son mari, dans la cave de l’ancien domicile de Pierre Boulle. Finalement, j’ai ramené les deux bouquins à la maison :

J’ai commencé par l’Omnibus, le dernier récit, un récit autobiographique : « Aux sources de la rivière Kwaï » et je me suis régalé. Je pense en faire un billet dans quelques semaines. Ensuite j’ai attaqué « L’Archéologue et le mystère de Néfertiti ». Je ne peux pas dire que je me sois régalé, car c’est une sorte de roman policier sur fond d’égyptologie saupoudré d’un zeste de mystère, voire de fantastique. : Il me fallut souvent poser le livre et faire des recherches sur Wikipédia, pour faire vite, puis, quand çà se corsait un peu, me plonger dans « Histoire et civilisation de national Géographic », le tome 2 l’Empire Egyptien, et là avec cette double lecture instructive le roman a commencé à m'intéresser.

Dès le premier chapitre le narrateur plante le décor : il est arrivé en Egypte avec son avion privé, accompagné d’une amie qui, mécontente de sa façon dangereuse de piloter, le plaqua dès qu'ils touchèrent le sol égyptien. Poursuivant seul le voyage avec son tacot volant, il arriva à Louxor où il visita et lu beaucoup, notamment les ouvrages ayant trait à Néfertiti dont le buste qu’il avait pu admirer au Caire continuait à l'obséder. Dans un livre Tell al Amarna, The city of Aton il découvrit l’histoire de la Reine :

«…Je connus ainsi l’histoire d’Akhenaton, ce roi de la dix huitième dynastie, qui, avec son épouse la reine Néfertiti, se rebella contre l’autorité tyrannique des prêtres d’Amon, rejeta leur tutelle, décréta, l’existence d’un dieu unique, dieu d’amour et de lumière symbolisé par Aton, le disque du soleil et fonda au bord du Nil, en un lieu désert, une ville nouvelle consacrée à ce dieu. Des monuments s’y élevèrent rapidement. Des temples somptueux y furent bâtis, où coulait à flot la lumière, comme un défi aux ténébreuses chapelles des anciens cultes. La religion d’Aron dura un quart de siècle environ. A la mort du pharaon, le roi Toutankhamon lui succéda ; mais la reine Néfertiti maintint le jeune prince pendant plusieurs années dans la ville du soleil. Ce ne fut qu’après le décès de cette souveraine qu’il retomba sous le joug des prêtres d’Aton et fut emmené à Thèbes. Alors les adorateurs d’Aton furent proclamés hérétiques. La mémoire d’Akhenaton et de son épouse idéaliste fut flétrie et, jusque dans leur mort, ils furent poursuivis par la fureur du clergé. La ville du soleil fut rasée par les fanatiques….. ».

Ce livre fut l’élément qui permit la rencontre du narrateur avec un curieux personnage qui non seulement était un brillant archéologue mais s'avéra être l’auteur du livre en question. Le narrateur invita l'archéologue à diner pour approfondir la discussion et cela se termina par une invitation à l'accompagner en avion pour le retour au Caire avec un petit détour pour survoler les ruines de l'antique Tell al Amarna. Ils s'envolèrent très tôt le lendemain matin et le soleil était à peine levé quand ils passèrent au dessus de l'ancienne ville.

«…Je reconnus le grand temple d'Aton, le petit temple, le palais royal et, plus au nord, le palais septentrional où s'était réfugiée la reine Néfertiti, lorsqu'elle partit en dissidence, et où elle séjourna jusqu'à sa mort. A côté de cette demeure se dressait une maison qui paraissait intacte, la seule qui présentât autre chose que des tronçons de colonnes. Mon compagnon me la désigna du doigt : - Ancienne habitation de Ha-Tiay, l'intendant du pharaon, le grand directeur des travaux, le seul seigneur de la cour dont le tombeau n'a pas été retrouvé près de Tell al-Armarna…..» et l’Archéologue d’expliquer que les tombes des grands dignitaires étaient en bordure de ville et que seul le tombeau royal avait été éloigné, en pleine montagne. Le narrateur pilote surexcité mit immédiatement le cap dans cette direction en effectuant des pirouettes et diverses autres acrobaties dans le but de prouver à son passager effrayé qu’il était un très bon pilote….. Un bon pilote qui n’avait même pas vérifié s’il avait assez de carburant pour faire ces détours et ces excentricités et la panne survint puis l’accident, l’avion percutant la paroi de la montagne.

Ils s’en sortirent bien, sans une égratignure. Seul l’avion avait perdu ses ailes mais la carlingue avait tenu, traversant une mince paroi, qui fermait l’entrée d’un souterrain. « L’archéologue comprit et poussa une exclamation : - Un monument souterrain ! Un tombeau peut-être ? Aurions nous eu la chance ….». Il aperçut sur la muraille un bas relief vers lequel il se précipita, tandis que le narrateur et audacieux pilote ne pouvait suivre. Il voyait des squelettes, dont un pendu, des visions, des hallucinations, des bruits, des grondements, aussi dans un dernier effort il courut vers la lumière du soleil, l’orifice par lequel ils avaient fait irruption en ce lieu. Il s’assit sur le sol, la tête entre les mains.

 « Je ne sais depuis combien de temps j’étais dans cette position quand j’entendis la voix de l’archéologue. – Monsieur, disait-il, je crois que nous avons eu la chance de faire une découverte qui présente un intérêt exceptionnel au point de vue archéologique. C’est l’occasion que j’ai attendue toute ma vie et j’ai hâte de me mettre à l’œuvre. »

Le narrateur, pilote audacieux, était réticent à suivre l’archéologue qui lui rétorqua : « Il vous est facile de sortir d’ici et de gagner le village de Tell al-Amarna, qui ne doit pas être très éloigné. Pour moi je n’abandonnerai pas une partie si bien engagée à cause de quelques anomalies qui ont certainement une explication bien naturelle. » Et sur cette affirmation l’archéologue commençait son enquête à laquelle le narrateur eut la bonne idée (pour les lecteurs) de participer malgré ses craintes.

A ce stade du roman (page 53) je me dois de laisser aux futurs lecteurs d’apprécier les évolutions de l’enquête au fur et à mesure de nouvelles découvertes comme cette petite statuette trouvée près d’un sarcophage (page 65« Mon compagnon parut surpris : La reine Néfertiti ? répétait-il en écho ; Serions-nous dans son tombeau ? Que signifie alors ce temple ? Et puis le tombeau  royal a été découvert très loin de la ville.....Il me semblait évident que nous étions dans la dernière demeure de la fameuse souveraine. La présence de la statuette, montant la garde à côté du sarcophage, n’autorisait aucune autre supposition.......Comment imaginer, dit encore mon compagnon, l’adoratrice d’Aton, du dieu des lumières, la reine qui combattit toute sa vie les superstitions, comment l’imaginer reposant près d’un temple ténébreux imprégné de mystère, et qui exhale une odeur de sortilège ? Monsieur je crois que jamais énigme aussi passionnante ne fut soumise à la sagacité d’un archéologue … »

Il reste environ 150 pages dont je ne dirais rien sinon que l’enquête progresse malgré des évènements exceptionnels dont un tremblement de terre. Le mystère petit à petit se dissipe mais les dernières pages confirmeront-elles le dénouement auquel l’auteur et son ami l’archéologue semblent nous conduire ?

Un autre mystère demeure : pourquoi ce livre de Pierre Boulle ne fut pas publié ? L'auteur jugeait-il son travail peu satisfaisant ? A t-il été refusé par son éditeur ? On ne le saura sans doute jamais. Certes le huis-clos Narrateur-Archéologue est à la lecture un peu étouffant mais je suis persuadé qu’avec des effets spéciaux, les hallucinations, les squelettes, les éclairs, un crash d’avion, un tremblement de terre etc … Je suis persuadé que les studios d’Hollywood se seraient délecter d’un tel scénario, d’autant que ce roman aurait été écrit vers 1955/1960. Soit bien avant le premier film d’Indiana Jones.

 

( A suivre)

A livre ouvert…. Pierre Boulle et le mystère de Néfertiti
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