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Blog à part… Rencontre avec Henri Vernes grâce au magazine dBD

16 Mars 2017 , Rédigé par niduab Publié dans #Blog à part

Il y a bien long temps, et ça remonte aux années 1959/1961au Lycée de Foix dans l’Ariège. Élève des classes de 5ème à 3ème les heures d’études du soir étaient interminables. La première heure devait être consacrée aux devoirs et leçons puis  durant la seconde heure d’étude, avant de rejoindre le réfectoire, les élèves qui avaient fini leurs devoirs devaient, silencieusement, se plonger dans un livre de leur choix ; ils pouvaient même s’y replonger au dortoir pendant une demi-heure, jusqu’à l’extinction des lumières, voire plus en cachette pour ceux qui avaient une lampe de poche. A cette époque j’étais un grand lecteur des romans d’Henri Vernes dont le héros était Bob Morane. Je pense en avoir lu une bonne quarantaine : Je suis sûr d’avoir lu le n°1 « La vallée infernale », le n° 3 « Sur la piste de Fawcett » le n°8 « Le sultan de Jarawak » le n°10 « La piste des Brontosaure » le n°12 « Le secret des Mayas » … etc …. Le n° 20 « Les chasseurs de dinosaures »… etc…. n° 30 « Les dents du tigre »….n° 35 « L’Ombre Jaune », n°43 « Le retour de l’Ombre Jaune » et même le n°50 « Les sosies de l’Ombre jaune » . Je suis presque sûr de les avoir tous lus jusqu’à cette époque. Par contre je suis à peu près certain de n’avoir jamais lu le n° 57 « Les yeux de l’Ombre jaune » et aucun des titres qui suivent ne me disent quelque chose.

Après le décès de mon père en mai 1962, nous avons quitté l’Ariège pour Montpellier où, vieilli  par le drame familial et sorti de l'internat, je changeai brutalement de vie, d'occupations, de loisirs, en allant notamment vers d’autres types de littérature. Mais j’ai toujours dans un coin de ma mémoire le souvenir du bon temps passé avec Henri Verne et Bob Morane. Je n’ai pas su intéresser mes enfants à ces romans, mais je crois qu’ils ont, un peu fréquenté Morane par les B.D, et c’est sans doute la raison pour laquelle j’ai pu en feuilleter quelques exemplaires, avec curiosité mais sans plus.

 

J’emprunte pour ce billet de larges extraits, (ceux qui me paraissent essentiels) d’une étonnante et très intéressante interview d’Henri Vernes, le créateur de Bob Morane, qui est parue dans le magazine « dBD » en novembre 2015. L’entretien fut réalisé par Frédéric Bosser rédacteur en chef de la revue et faisait suite à une reprise de Morane en bande dessinée. (Précisons que Monsieur Charles-Henri Dewisme plus connu sous le pseudo d’Henri Vernes venait d’avoir 97 ans lors de cet entretient : il en a 98 ½ aujourd’hui)

Je n’ai pas repris l’ensemble de l’interview, allant à l’essentiel de ce qui m’intéresse de ce qui m’intéresse en me concentrant sur la genèse des aventures de Bob Morane et du travail de son auteur. Je ne retiens pas notamment quelques règlements de compte. Le lecteur qui voudra en savoir plus devrait pouvoir encore se procurer ce magazine en contactant ‘’dBD’’

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Blog à part… Rencontre avec Henri Vernes grâce au magazine dBD

Si nous sommes impatients d’avoir votre avis sur cette reprise, nous aimerions d’abord connaitre le rapport que vous entretenez avec le 9e art.

Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas un homme de la bande dessinée. Je suis d’abord et avant tout un écrivain. Le problème en bande dessinée est que l‘on est toujours dépendant du dessinateur. Le scénariste réalise un projet et le dessinateur peut le voir autrement. Parfois c’est bien, d’autre fois non ! Quand j’écris un roman, je suis dedans, j’invente l’histoire et je vis avec. Et puis je maîtrise tout de A à Z. En bande dessinée, non !

Alors pourquoi avoir écrit des scénarios de bande dessinée ?

C’était un souhait de madame Verbeeck, la rédactrice en chef de femmes d’aujourd’hui, un journal pour lequel je travaillais régulièrement. Quand elle me l’a proposé, je me suis ‘’ pourquoi pas’’ et je me suis exécuté. Toutes ces histoires sont de facto inédites. C’était en 1959 que les deux premières planches ont paru. L’histoire s’appelait L’oiseau bleu.

Un paragraphe non repris

Pourquoi Gerald Forton, premier dessinateur de la série, n’a-t-il pas continué l’aventure.

Il a disparu du jour au lendemain aux États-Unis, laissant un album en chantier. William Vance l’a remplacé au pied levé. Cet auteur a fait ses premières armes avec ce personnage avant de faire une grande carrière. Les albums sont sortis chez Dargaud. Je tiens à dire que Vance est non seulement un grand dessinateur, mais aussi un grand bonhomme.

Revenons –en à la genèse de Bob Morane : expliquez nous l’origine de ce nom.

Quand un Masaï tue son premier lion, il devient un Morane. Pour le prénom, j’ai choisi Bob, car après la Seconde guerre mondiale, la mode était au prénom américain. Et puis le diminutif de Robert en France comme aux États-Unis est le ^même Bob. […]

Et pour Bill Balantine ?

Rien à voir avec le whisky. J’avais bien aimé dans ma jeunesse un livre intitulé Les chasseurs de gorilles écrit par un certain R.M. Ballantyne avec un ‘’y ‘’. Pour le prénom je ne me rappelle plus l’origine ! Ming vient des empereurs chinois. Quand à l’Ombre jaune, c’’est inspiré d’un roman intitulé Le magicien noir. Sur sa couverture on y voit un chinois chauve avec des yeux couleur d’ambre. Quand à Miss Ylang-Ylang, c’est un parfait….

Deux paragraphes non repris

Chez vous les méchants étaient de ‘’vrais’’ méchant.

C’était indispensable pour ce type d’histoire ! Plus ils sont méchants, plus les bons sont mis en en avant et deviennent valeureux.

Un paragraphe non repris

Et ce Bob Morane, comment l’avez-vous imaginé ?

Par hasard ! Jean-Jacques Schellens, qui venait de créer Marabout Junior, a demandé à un de mes amis de lui écrire un personnage « à suivre » […] J’ai pris contact avec lui et nous nous sommes mis d’accord. Bob Morane est né ainsi. La première histoire s’appelle La Vallée infernale.

Puis vous enchaînez très vite…

Je n’ai pas eu le choix ! Alors que j’étais sur le bateau Colombie, direction l’Amazonie et les Antilles, je reçois un courrier de mon éditeur me pressant de finir le deuxième roman. Je l’ai fini en arrivant à la Martinique. Le troisième a été commencé à Haïti et en Colombie et je l’ai terminé sur le chemin du retour. En arrivant, je découvre que Bob Morane est sur toutes les lèvres. A partir de ce moment, j’ai écrit un album tous les deux mois. Je dois reconnaitre que c’est un cercle vicieux. Pour autant, je n’ai jamais rêvé de Bob Morane.

Un chapitre non repris

Comment faisiez-vous pour tenir ce rythme infernal ?

Je suis capable d’écrire partout et j’ai la chance de pouvoir écrire comme je respire. C’est sûrement né de ma longue pratique du journalisme. Il m’est arrivé d’écrire trente pages en une nuit. Sinon, en moyenne, je les écrivais en quelques jours.

Trois paragraphes non repris

Avec ce personnage, vous virez vite au fantastique. Pour quelles raisons ?

Quand on a écrit deux cent cinquante romans, on risque de se répéter. Au départ, j’étais dans la jungle, les trésors, la veuve traquée et les orphelines dans l’embarras. En restant dans ce même créneau, je dois avouer que j’ai vite tiré la langue pour trouver de nouvelles idées. Grand amateur de science-fiction, de fantastique et de séries noires, je suis naturellement allé dans ces nouvelles directions pour mes histoires.

Pour en revenir aux bandes dessinées, le premier dessinateur de Bob Morane a été Dino Attanasio.

Un choix assez logique puisqu’il travaillait à la fois à Marabout et pour Femmes d’aujourd’hui. […] C’était un bon dessinateur humoristique, mais il n’excellait pas dans le dessin réaliste. Après lui est venu Gérald Forton […] Puis est arrivé Vance à partir des Loups sont sur la piste … Pour la petite histoire Vance a longtemps été le »nègre » d’Attanasio.

Vous nous disiez en début d’interview que tous vos scénarios étaient inédits. Pourquoi n’avez-vous pas tout simplement adapté vos romans en bandes dessinées ?

Je crois me souvenir que l’on m’avait demandé de faire de l’original. Ce n’est qu’avec Guy Leblanc que j’ai commencé plus tard à adapter certains de mes romans en bandes dessinées, arguant que ce n’était pas le même public. Je n’étais pas tout à fait d’accord avec lui, mais bon ! Plus tard, j’ai aussi adapté mes bandes dessinées en romans.

Comment se présentent vos scénarios BD ?

Case par case et de manière très libre. Ensuite, je supprime les dialogues, mots et adjectifs inutiles, ne gardant que l’essentiel. Puis j’envoie mes scénarios aux dessinateurs et je découvre leurs travaux à la sortie de l’album. Excepté avec Attanasio, je n’ai jamais rien eu à dire.

Comment avez-vous vécu le départ de William Vance?

Avant cela, il m’avait demandé de faire les scénarios lui-même. Ce qu’il a fait pour deux albums : L’empreinte du crapaud et L’empereur de Macao. Pour moi, à ce moment-là il est à son sommet dans son dessin…. Ensuite il eut il eut envie de développer un personnage qui est plus le sien Bruce J. Hawker […]

Pourquoi est-ce Coria qui prend sa succession ?

C’est le beau-frère de Vance. Au début, ce n’était pas bien, puis il s’est un peu amélioré. Mais je dois reconnaitre que son dessin est peu raide.

Deux paragraphes non repris

Alors que pensez-vous de cette reprise par Lombard ?

J’ai d’abord été content que quelque chose soit enfin décidé pour relancer cette série, car cela faisait longtemps que plus rien n’avait été fait pour elle. Malheureusement, elle n’est pas bien faite.

Un dernier paragraphe non repris

Dans le même magazine ‘’dBD’’ 98 il y a deux autres articles concernant la reprise de Bob Morane qui est devenu un « aventurier du XXIe siècle » avec l’interview de Gauthier Van Meerbeeck directeur éditorial de Lombard à l’origine de ce renouveau. Et puis sur la dernière page du ‘’dBD 98’’ un billet d’Humeur d’Henri Philippini intitulé « L’aventurier assassiné » Je n’ai pas lu le (ou les) nouvel album, je ne porte donc pas de jugement sur le fond. Je crois que les titres des deux articles parlent assez bien d’eux-mêmes, mais le lecteur curieux pourra toujours se rendre sur le site de la revue pour en savoir un peu plus.

 

PS : Je me souviens avoir déjà évoqué ma passion d’adolescent pour les romans d’Henri Vernes : un paragraphe dans le billet « Souvenirs en vrac.... Notre vie est un livre qui s'écrit tout seul. »  et dans le billet « Livre en ligne....... Jérôme Pintoux interviewe Jules Verne »

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