Presse aidant ..... Trente ans de Nombril du monde
Voici un billet quelque peu particulier car, même si j'ai pris la précaution de le référencer dans la catégorie « Presse aidant », je dois prévenir le lecteur que ce sont des articles de la Nouvelle République que je propose.
Je n'ai pas pu aller à ce festival mais en lisant mon journal quotidien j'ai estimé qu'il était temps que j'en fasse, enfin la promotion sur mon blog en reprenant ces articles.
J'apporterai cependant quelques informations complémentaires en dernière partie de ce billet, juste après la vidéo..
On déconfine le Nombril, vendredi 14 et samedi 15 août pour l’anniversaire de la terre de légendes de Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres) chère au conteur Yannick Jaulin.
Le Nombril a 30 ans. Pour son anniversaire, le haut lieu deux-sévrien du conte et de l’imaginaire déconfine son célèbre festival.
Devant les incertitudes liées à la pandémie, la foutraque biennale qui éclabousse de bonne humeur l’été à Pougne-Hérisson, s’est très vite rebaptisée L’Éventuel festival, avec des jauges limitées à 500 spectateurs, ces vendredi 14 et samedi 15 août.
Et comme pour coller encore plus à son histoire, en osmose avec les prises de conscience du Covid, c’est une nourriture en circuit court qui a été choisie: n’y participent cette fois que des artistes locaux. Parmi eux, la chair de la chair des pionniers qui ont nourri la légende, en route pour une « guerouée » de spectacles.
Les Titus, Gérard Baraton, Joël Grizeau, Pascal Rome, Anne Marcel entre autres seront de ces délirantes célébrations. Et si, en comparaison des plus de 3.000 personnes par jour aux plus belles heures, la petite jauge affiche déjà complet, le lieu permanent avec son Jardin des histoires lancé voici seize ans reste ouvert toute la saison estivale, y compris en ce week-end.
« Si tu veux parler d’universel parle de ton village »Trente ans de Nombril, donc. À l’origine, le conteur Yannick Jaulin, nominé en ce début d’année au Molière du meilleur « seul en scène » pour sa pépite Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour qui s’est notamment offert un marathon exceptionnel de vingt-deux représentations au théâtre des Bouffes du Nord à Paris, à l’automne dernier.
À force de rêver ce Pougne-Hérisson qu’il avait juste imaginé depuis son spectacle Feu follet en 1986, le jeune conteur d’alors à fini par découvrir le village où il a tout de suite fleuré combien ses portes étaient grandes ouvertes sur la mythologie. « Si tu veux parler d’universel, parle de ton village. Mon minerai d’enfance, c’est ce qui me constitue. Comme à Brocéliande au 19e, nous avons légendarisé le lieu jusqu’en 2000 », raconte Yannick Jaulin.
Que reste-t-il de nos amours de Nombril, trente ans plus tard ? « Il reste une utopie culturelle, répond le conteur. Avec ses dimensions culturelle, sociale, pédagogique, toutes les trois sans doute pas assez marquées. Nous remettons à plat régulièrement ce lieu singulier et nous devrons bientôt nous reposer cette question : qu’est-ce que le nombril ? »
« Pfff, o l’aet de quoi de rin » « c’est pas grand-chose »), répondaient de rétifs villageois en patois saintongeais à l’époque. Trente ans plus tard, l’antre du conte est clairement inscrit au patrimoine singulier des Deux-Sèvres. « Le monde rural est conservateur et a toujours du mal à se réinventer, mais il n’est pas mort, il reste un espace à inventer. À l’heure des réseaux sociaux et du récit individuel, le récit collectif qui en a pris plein la gueule doit être salutaire pour construire les idées. Le Covid a mis une distance supplémentaire et pourtant… on n’a jamais accueilli autant de visiteurs que cette année », ajoute Yannick Jaulin.
Article de la N.R. (Sébastien Acker) du jeudi 13.août 2020 ( Page 36).
Le Nombril a 30 ans et célèbre son foutraque anniversaire ces samedi et dimanche dans son fief nombriliste. À guichets fermés.
Au-dessous du ballet incessant des hirondelles, dans le bain de fraîcheur-bonheur de la petite chapelle Saint-Georges où l’été perce par la lumière de vitraux désormais dédiés au Nombril du monde, ce sont trente ans de festival qui vous contemplent. Anne Marcel et ses petits doigts de fées ont accompli un travail d’orfèvre pour réunir les pièces du puzzle. « L’événement, à Pougne-Hérisson, au pied du château, le 30 juin 1990 à 20 h »: la première affiche, collector, ouvre la voie à trente années de souvenirs présentés en une exposition qui fait se dire que, fichtre, comme ça défile…
Le Nombril du monde célèbre donc ses 30 ans, ces vendredi 14 et samedi 15 août. Trente ans de légendes, trente ans d’artistes agrégés « à ce contre-pied du trou du cul du monde » – comme le dit Yannick Jaulin – pour fabriquer la légende locale, échafauder des trucs foutraques et ouvrir en grand les portes de l’imaginaire. « Légendariser », dit plus sérieusement le conteur, à la paternité de la grande histoire.
Si les spectacles de L’éventuel festival – baptisé ainsi en anticipant les incertitudes de la pandémie – affichent complet avec des jauges réduites à 500 spectateurs par jour, la vie du Nombril ne s’arrête pas aux réjouissances de cet anniversaire lancées ce vendredi à 10 h 33, heure locale.
Le jardin aux merveilles du Nombril du monde n’a jamais accueilli autant de visiteurs que cette année et reste ouvert tout l’été.
Yannick Jaulin, bien sûr, Anne Marcel, Gérard Baraton, Joël Grizeau, Titus, Pascal Rome et la « trialée » d’artistes ont œuvré en circuit court, cette année, ce qui a du sens avec ce Covid et répond aux aspirations de ceux qui y ont vu un retour à l’essentiel du microterritoire. « Si tu veux parler d’universel, parle de ton village », aime à rappeler Yannick Jaulin
« C’est une autre vision du monde, d’une grande utilité pour les gamins, ce fait de transmettre la force du récit par la parole symbolique et ainsi de construire les idées », résume Anne Marcel, quand on évoque l’avenir du festival trentenaire.
« Ce n’est pas de la nostalgie on est tout étonné…» Anne Marcel y va d’ailleurs de sa création pour ce festival si singulier avec « Pou, l’opéra rock », et pour complices cette fois Joël Grizeau, Éric et Stéphane Pelletier. C’est toujours un poncif de le dire, mais la légende qui a constitué Pougne-Hérisson est aussi – et surtout – une très belle histoire d’amitiés. « Ce n’est pas de la nostalgie, on est tout étonné d’avoir fait tout ça », glisse Yannick Jaulin face à l’expo qui déroule toutes ces années. « Pareil, et tout ce qu’ont fait les bénévoles et le public entraîné parfois dans des choses complètement folles, c’est remarquable », ajoute Anne Marcel.
Deux jours de spectacles donc, avec la même programmation chaque jour et La Nuit de la chauve-souris entre les deux en trait d’union nocturne, histoire aussi de continuer à refaire le monde du Nombril, sous les étoiles. On refait bien le monde, sous les étoiles.
Article de la (Sébastien Acker) N.R. de vendredi 14 août 2020. ( Page 2)
Conte : Le festival du Nombril démarre en fanfare
On le sait depuis longtemps : le Nombril du monde, qui fête ses 30 ans ce week-end, ne fait jamais rien comme tout le monde. Pour le lancement de son Éventuel festival, qui se tiendra jusqu’à ce samedi soir (1), le haut lieu du conte de Pougne-Hérisson a concocté une cérémonie originale et décalée hier matin.
La première nouveauté était évidemment liée à la pandémie de Covid-19, obligeant le Nombril à mettre en place des jauges de 500 places. « On va se dire qu’on est plutôt 5.000 ! », a lancé Yannick Jaulin, conteur et figure du lieu, en guise d’introduction.
Jean-François Bâcle, président de l’association Le Nombril du monde, a quant à lui décrété que les seules contagions autorisées à Pougne-Hérisson ce week-end sont « le plaisir, la joie, la convivialité et la benaiserie (être bien à l’aise). »
L’inimitable troupe de comédiens amateurs La Poume et le Pouma s’est ensuite chargée de revisiter la légende du Nombril du monde, au pied du château du village devant un public hilare, avant de laisser place aux traditionnels discours des élus. Pour gagner du temps, et parce que « les politiques sont beaucoup trop bavards » dixit le comédien Fred Billy, un protocole atypique a été imaginé.
Guillaume Motard, maire de Pougne-Hérisson, Jean-Michel Prieur, président de Parthenay-Gâtine, Coralie Dénoues, conseillère départementale en charge du tourisme, et Nicolas Gamache, conseiller régional, ont été invités à prendre place dans une nacelle et à s’exprimer grâce à un micro installé en hauteur. Au bout de trente secondes, la dite nacelle redescendait, empêchant les intervenants, qui ont joué le jeu avec le sourire, de monopoliser la parole.
Après l’intervention d’un certain Bruno Delaroche, conseiller aux expérimentations au ministère de la Culture , (interprété par le comédien Jérôme Rouger), et fervent défenseur de la « culture obligatoire », le coup d’envoi des spectacles et animations a pu être donné.
Et si les masques et autres gels hydroalcooliques ont fait leur apparition cette année, « l’ambiance n’a pas changé », estime Marine Loiseau, ancienne salariée du Nombril, qui n’était plus revenue depuis sept ans et a retrouvé l’esprit « bricolo et rigolo » du lieu, « comme à la grande époque. »
Article de la N.R. (S.B.) de samedi 15.aout 2020. ( Page 17)
Il faut bien reconnaître que le Nombril du monde, n'est malheureusement pas unique ; grand voyageur j'en ai entendu parler dans deux pays ... et il y en a probablement d'autres...:
D'abord en Grèce en juin 2012 à Delphes qui abrite dans le temple d'Apollon, où officiait la Phytie un Omphalos ou « nombril du monde » sous l'apparence d'une pierre qui faisait penser à un nombril « Omphalos», du grec ancien qui signifiait ombilic.)
Ensuite au Pérou à Cuzco en novembre 2013. Le nom Cuzco vient d'un mot quechua qui signifie « le nombril du monde ». C'était aussi, à l'époque des Incas, la capitale impériale et l’endroit d’où partent les sentiers incas dans toutes les directions.
Mais le monde de l'antiquité grecque ou de l'époque Incas n'était pas le monde d'aujourd'hui; on pourrait en déduire que le nombril de Pougne-Hérisson est plus ambitieux....sauf que ce n'est qu'une galéjade culturelle ! Ce qui ne m'a pas empêché de rouspéter au près des guide au Pérou comme en Grèce pour ces fausses informations en clamant que nombril du monde se trouvait en France, en Deux Sèvres ! …instruisant, ainsi et aussi les autres voyageurs majoritairement français.... un peu comme je le fais actuellement avec ce billet.
Pour en savoir plus sur Yannick Jaulin, son histoire, son univers, le travail de sa compagnie, ses liens artistiques, voici ci-après un extrait de son portrait publié sur internet sur internet Kikolé :
« Auteur, il collecte et écrit des histoires plus vastes qu’elles-mêmes, qu’il transmet lorsqu’il endosse la fonction du conteur, cet intermédiaire d’une mythologie dont l’universalité se loge dans l’intime, ce colporteur de paroles dont l’humour décale la pensée pour y déceler ce qu’elle dissimule. Conter, c’est transmettre des outils émancipateurs : être ce médiateur qui, par des histoires aussi ordinaires qu’invraisemblables, tend à faire entendre ce qu’il y a au-delà des discours institués. C’est aussi œuvrer à tisser la conscience collective – et son inconscient – qui, à travers ses récits symboliques, trame de générations en générations, des ressources pour accueillir la mort, dépasser la peur, consoler la mélancolie et rencontrer l’autre. Cet outillage à la marge du système scolaire et des savoirs disciplinaires, délivre une connaissance intuitive de la chair, des sens et des émotions dont nous sommes faits.
Yannick Jaulin s’attelle à « être dans le réel, à faire résonner l’actualité du monde avec des paroles mythologiques et des récits allégoriques. » À travers le verbe, ce sont les notions de territoire – psychique comme géographique – et d’appartenance à une communauté de valeurs qu’il saisit lorsqu’il interroge la survivance des origines face à la globalisation ; aborde la place du mythe, de la fabulation et de la croyance dans l’édification des imaginaires, des identités et du monde tel qu’il est ; développe une histoire de la domination linguistique en plaidoyer pour les langues minoritaires ; ou bien, au plus proche de chacun, aborde l’incapacité à vivre l’amour lorsqu’on n’a jamais appris à le dire, à mettre en mots l’émotion et par là-même, à savoir ce que c’est, que l’éprouver. En fouillant ce que la ruralité fait de l’amour, en remontant le fil des générations, il trouve la voie de la réconciliation. Croisant les histoires collectées et les documents compilés, la fable, qu’elle soit divertissante ou édifiante, est le support d’une considération sur la place du langage dans le déterminisme social, sur la construction du libre-arbitre et son expression.»
Précisons aussi que Yannick Jaulin fut nominé pour la cérémonie des Molières 2020, dans la catégorie Seul en scène.
Pougne -Hérisson n'est pas une illusion ! cette commune existe bien, même si son nom résonne comme si c'était un village légendaire où l’imaginaire de Yannick Jaulin aurait élu domicile. Au gré de ces pérégrinations, le conteur avait fini par jeter le doute sur l’existence des lieux. Niché en Gâtine dans une région granitique du département des Deux-Sèvres, entre Poitiers et La Roche-sur-Yon, à une quinzaine de kilomètres de Parthenay, Pougne-Hérisson n’est pas une vue de l’esprit !Cette petite commune unique et double à la fois réunit depuis 1801 deux bourgs distants de 3 kilomètres. Pougne, avec sa mairie, son église dédiée à saint Pou (guérisseur des maladies nerveuses provoquées par la peur), représente l’homme, la "poigne", le centre des décisions. Hérisson, son château médiéval, sa Merveille, l’antre de la mine, son ruisseau et ses prés humides représente la femme, la matrice d’heureux événements. Ces deux bourgs forment le ventre historique de la naissance des histoires du monde. Le patrimoine de cette commune de 370 habitants est riche et remarquable : Le château (acquisition de la commune en 2008 et classement aux bâtiments historiques en 2009), le prieuré, la chapelle du XIIe siècle en possession de nouveaux vitraux depuis 2012, sont les témoins d’une vie médiévale florissante jusqu’au XVIème siècle. Ce patrimoine remarquable confère au bourg de Hérisson, un intérêt historique indéniable et constitue une balade singulière entre Histoire et histoires.