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Didi soldat................le retour de Roger.

26 Mars 2008 , Rédigé par daniel Publié dans #Didi

  Le 21 février 1945 eurent lieu à Belfort les obsèques du lieutenant, l’ami Marius Berry, tué par accident en manipulant une grenade.

Les troupes du 1er régiment des volontaires de l’Yonne ont été choisies pour reformer le 35ème régiment d’infanterie. Ces éléments pendant 2 mois ont été rééquipés, instruits, entraînés, presque tous ont pu avoir une courte permission avant de passer le Rhin. Depuis le 1er mars cette troupe était commandée par le colonel Couhé et était incorporée à la 14ème division du Général de Lattre.

Le 21 avril le régiment fut passé en revue par le général et le 22 mars la troupe se déplaçait en permanence tout en faisant presque du surplace entre Neuf-Brisach et Sélestat arrosant copieusement l’Allemagne par des tirs de mortier. Le régiment ne traversa finalement le Rhin que mi-avril pour foncer vers la Forêt Noire.

Didi était en permission lors du passage en Allemagne et eut quelques difficultés à rejoindre son régiment et quelques ennuis à l’arrivée. Que s’est-il passé ? Fin mars il avait d’abord reçu une lettre de sa mère :

  
    Champigny le 22 mars 1945

  Mon petit Didi,

Une heureuse nouvelle à t’apprendre mon cher Petit, j’ai reçu hier une lettre de M. Bellanger qui habite Trilport en Seine et Marne. Il m’apprend que son fils qui était avec Roger à Trèves et qui travaillait sur la voie avec ton frère, venait de rentrer depuis 5 jours ; il a tenté une évasion qui a réussi. Il me dit que son fils a quitté Roger le 28 février qui à cette époque était en bonne santé et devait être replié du fait de l’avance des troupes américaines vers la région. Il ajoutait que ces derniers temps ils étaient continuellement bombardés par les avions et les canons. De peur d’être repliés vers l’est, tous les prisonniers envisageaient de se sauver…..  Ton frère avait aussi ça en tête. Je suis presque sûr qu’il va bientôt rentrer, il est peut être déjà en route.

Autre bonne nouvelle Jojo Blancart est rentré lui aussi et après 15 jours de voyage en passant par la Hollande et le nord de la France. Il est un peu pâlot mais son moral est bon ; dimanche il a passé 3 heures à la maison à nous raconter sa vie en Allemagne et son voyage de retour ; on pourrait en faire un roman. Je suis de plus en plus certaine que Roger va bientôt frapper à la porte…..heureusement que nous sommes revenus au pavillon.  

 

Ma grand-mère Geneviève avait raison, et les derniers jours de mars 1945 Roger retrouvait enfin le foyer familial. Didi prévenu par télégramme put avoir une permission pour rentrer lui aussi, une permission de quelques jours avant de passer en Allemagne avec son régiment…..  mais auparavant voyons la fin de la lettre de Geneviève et les informations qu’elle contient sur le reste de la famille, cette famille que je rejoindrai 17 mois plus tard 
 

Mon petit tu vas avoir une nouvelle tante. Ton oncle Maurice, épouse Marthe : il fait les démarches en vue du mariage. Je trouve qu’ils font bien, puisqu’ils doivent finir leurs jours ensemble autant qu’ils régularisent la situation. Par ailleurs Martial se marie le 5 mai : nous sommes invités et il parait que l’on sera 50.   

Le 20 mai le jour de la Pentecôte nous sommes tous invités à la première communion de Bernadette. Ton cousin André souhaite que tu puisses avoir une permission à cette époque afin que tu puisse s être là. Vois ce que tu peux faire.

Il y a déjà longtemps qu’ Emilienne m’a chargée d’une commission pour toi et j’ai oublié de la faire : Mademoiselle Mauricette d’Isle sur Serein était partie à Toulouse. Voilà c’est fait…..

On n’a pas reçu de lettre de toi depuis celle où tu nous parles de la mort de ton ami Marius, pauvre garçon. Raymonde m’a dit en avoir reçue une dans laquelle tu lui dis « J’écris à mes parents mais je ne reçois rien d’eux… »

Je suis inquiète : as-tu reçu mon colis avec des chaussettes et un mandat de 250 francs envoyé pour tes 19 ans.

André et Raymonde Hurey et les 2 petites viennent de quitter la maison ainsi que ta tante Madeleine. Ton oncle Marcel va mieux et il a repris son travail…. Deux mois après sa chute de cet hiver.

Je te quitte mon cher petit, en t’espérant bientôt en permission.

Gros baisers ainsi que de papa et Grand-mère.

 

....C'est un peu compliqué à suivre la vie d'une famille quand les prénoms sont les mêmes.  Mon grand père Marcel Baudin était marié avec Geneviève Prieux dont la soeur Madeleine était l'épouse d'un autre Marcel, Marcel Hurey qui fut directeur de banque et grand philatéliste.

   Madeleine et Marcel Hurey n'eurent qu'un fils André qui était plus âgé que Roger de 6 ou 7 ans et que Didi-André d'une dizaine d'années.

   André Hurey épousa une Raymonde et ils eurent 6 enfants dont 4 filles et 2 garçons,  les deux dernières filles Thérèse et Cécile étaient sensiblement de mon âge. La dernière fois que j'ai vu ces cousines ce fut au mariage de Thérèse ça devait être en 1964..... mais au début des années 90 j'ai emmené ma mère Raymonde chez André et Raymonde Hurey, à Seurin sur Isle en Dordogne où ils s'étaient retirés pour finir leur vie près d'une de leurs filles......   

Curieux raccourci de la vie de l'héritier des Prieux : de l'Isle sur Serein dans l'Yonne à Seurin sur L'Isle en Dordogne......)

 


Ça faisait bien longtemps que Geneviève n’avait écrit une lettre aussi optimiste…. Les beaux jours arrivaient…. la guerre se finissait et Didi n’avait plus envie de jouer les héros.


  Début avril il était chez lui avec ses parents ses oncles et tantes et son cher frangin Roger…. Comment repartir en Allemagne alors que le printemps est là, que des mariages, des communions sont annoncés pour mai. Il va essayer avec l’aide de son père Marcel de se faire porter pâle…. Mais le subterfuge, prendra une fois, avec un médecin civil mais pas deux fois. Une ambulance militaire viendra le chercher chez lui pour le conduire à l’hôpital Begin où il sera sérieusement examiné…. pas trop méchant le toubib militaire avec un soldat du front, décoré de surcroit, il eut même droit à une toute petite prolongation, juste ce qu'il faut pour attester que ce n'était pas bidon enfin pas complètement..... le voilà contraint de quitter le cocon familial pour rejoindre son unité.... il aura eu 10 jours de rab c'était toujours ça de pris. ...
 

Arrivé à Strasbourg Didi apprit que son unité était partie pour Waldshut dans la Forêt Noire à la frontière Suisse.... comme il avait entre-temps perdu son portefeuille il eut à s'expliquer avec les autorités militaires... explication fournie, vérification faite, il fut intégré à un  nouveau convoi  en partance Num-riser0003-copie-4.jpgvers Waldshut....  
  
Il aurait mieux fait de rester à Bégin car son camion eut un accident et si ce ne fut pas trop grave pour lui, pour d'autres ce fut plus sérieux : nouveau court séjour à l'hosto.... il finit par rejoindre son unité mais par sa fonction il fit par la suite de fréquents allers-retours entre l'Alsace et la Forêt Noire pour des approvisionnements en matériels ....et c'est ainsi qu'il fêta la capitulation allemande, le 8 mai, à Sélestat en tirant sur des potelets électriques..... et en mettant tout un quartier de la ville dans le noir..... Y a-t-il prescription ?
 


  La guerre était enfin finie... mais Didi ne reviendra à Champigny qu’en juillet, en permission  pour le mariage de mes parents, Roger et Raymonde ..... et il ne sera démobilisé qu'aux premiers jours de l'année 1946. 
 

 

  
(À suivre)

 

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