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Histoire de rôle ..............Olympe de Gouges, une militante féministe au temps de la révolution française

11 Septembre 2018 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

C'est par une revue de l'été 2013 que j'ai découvert, très tardivement je l'avoue, Olympe de Gouges. Dans cette revue socialiste n°51, intitulée "Le temps des femmes" il y avait une très intéressante tribune dont voici quelques extraits : « Olympe de Gouges a marqué son époque mais a pourtant longtemps disparu des radars de l’Histoire, comme tant d’autres grandes figures de femmes, par un subtil jeu d’ "indivisibilisation" dans les livres d’histoire, dans les manuels scolaires, au Panthéon…Comme si la mémoire et la reconnaissance de la République étaient hémiplégiques…. »,  « Olympe de Gouges ne fut pas seulement une militante de la cause des femmes. Engagée dans le combat abolitionniste contre l’esclavage, elle a ainsi montré les liens entre le combat pour l’émancipation des femmes et l’émancipation de tous les êtres humains. Cette convergence des combats pour l’ensemble des droits humains qui nous semblent logiques aujourd’hui, était évidemment novatrice à son époque » « Elle nous montre aussi que la participation des femmes dans les révolutions n’est pas nouvelle ; un rôle d’actrices et de combattantes à part entière, en première ligne, bien au-delà du rôle traditionnel de nourricières, saignantes et intendantes. »

J’avais mis cette revue de côté et il était grand temps que je la reprenne pour enrichir, d’un portrait supplémentaire de femme, la rubrique « Histoire de rôle ». En seconde partie de ce billet j'ébaucherai une brève biographie d'Olympe de Gouges en m'appuyant sur quelques élément trouvées dans un livre Larousse « Chronique de la révolution» et autres textes trouvés sur internet. Mais au préalable je reporte ci-après sa  Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne qu'elle a rédigée en septembre 1791, sur le modèle de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 27 août 1789. Elle en constitue un pastiche en énumérant les droits qui ne s'appliquaient alors qu'aux hommes. L'objectif de cette déclaration était d'exiger la pleine assimilation légale, politique et sociale des femmes auprès de l'Assemblée nationale et de dénoncer le fait que la Révolution oubliait les femmes dans son projet de liberté et d'égalité. Le texte fut refusé par la Convention.(Texte trouvé sur internet).

Préambule
Les mères, les filles, les soeurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaltérables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps social leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes moeurs et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne :

Article 1 La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Article 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l'homme. Ces droits sont : la liberté, la prospérité, la sûreté et surtout la résistance à l'oppression.

Article 3 Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la femme et de l'homme ; nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Article 4 La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison

.Article 5 Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société ; tout ce qui n'est pas défendu par ces lois sages et divines ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.

Article 6 La loi doit être l'expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 7 Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la loi : les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse.

Article 8 La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nulle ne peut être punie qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée aux femmes.

Article 9 Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi.
Article 10 Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi.

Article 11 La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers leurs enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement : je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi.
Article 12 La garantie des droits de la femme et de la citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de celles à qui elle est conférée.

Article 13 Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, les contributions des femmes et des hommes sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles, elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.

Article 14 Les citoyennes et citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique. Les citoyennes ne peuvent y adhérer que par l'admission d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l'Administration publique et de déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôt.

Article 15 La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.

Article 16 Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution. La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n'a pas coopéré à sa rédaction.

Article 17 Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés : elles sont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.


Postambule (A lire sur internet)

Brève biographie d'Olympe de Gouges (Extraits de Wikipédia ou d'autres sources du net et du livre " Chronique de la Révolution ") :

Née le 7 mai 1748 à Montauban   Marie Gouze fut déclarée fille de Pierre Gouze, boucher de profession et d’Anne Olympe Mouisset, fille d'un avocat. Cette dernière, était la filleule du marquis Lefranc de Pompignan par ailleurs écrivain et poète. La rumeur montalbanaise le désigna vite comme père adultérin de la future Marie-Olympe de Gouges, ce que celle-ci confirmera dans ses écrits.

En 1765  l'âge de 17 ans Marie Gouze fut mariée à un traiteur nommé Aubry de trente ans son ainé. Quelques mois plus tard la jeune femme donnait naissance à un fils Pierre, avant de devenir, quelque mois plus tard, veuve du sieur Aubry.

En 1770 alors qu' elle avait commencé à écrire quelques textes sous le nom de Marie Olympe Gouze, elle décidait de quitter la province pour rejoindre sa sœur ainée Mme Raynard née Jeanne Gouges qui avait épousé un médecin et vivait à Paris. En changeant de lieu de vie Marie Olympe transformait aussi son patronyme de Gouze en Gouges.  

Elle rencontra Monsieur de Rozière  un haut fonctionnaire de la Marine qui lui proposa de l'épouser ce qu'elle refusa, mais  ce  riche compagnon lui permit de mener une vie bourgeoise et d'entrer dans une carrière littéraire qui pensait-elle lui revenait, motivée qu'elle était par sa filiation revendiquée avec Lefranc de Pompignan auteur à succès.  Menant une vie luxueuse et galante de manière assez ostentatoire, elle acquit une réputation de courtisane.

Support des idées nouvelles, le théâtre se développait, aussi créa-t-elle sa compagnie itinérante pour lequel elle écrivait des pièces. L'une d'elle , qui sera renommée ensuite L’esclavage des noirs, ou l’heureux naufrage fut inscrite en juin 1785 au répertoire de la Comédie Française. Mais l'utopie humaniste d'Olympe ne fut pas du gout de tous :  

Chronique de la Révolution page 26 :  Marie Gouge dite Olympe de Gouges « Cette grande femme qui passe pour avoir été une des beautés de Paris est coiffée en toute circonstance  d’un bouillonné de gaze ressemblant à un plat à barbe. Elle se croit un auteur dramatique et assiège la Comédie Française qui se refuse à jouer ses pièces. Elle écrit beaucoup et parle encore plus mais elle a des idées généreuses pour améliorer le sort des femmes et celui des esclaves noirs. »

 Chronique de la Révolution page 136 : Olympe de Gouges, un auteur contesté « Paris 28 décembre 1789. L’atmosphère est surchauffée, ce soir, au Théâtre de la Nation où l’on joue L’esclave des nègres une pièce d’Olympe de Gouges. Avant même le lever du rideau, l’excitation est à son comble, entretenue par des agitateurs payés par la puissante coalition antiabolitionniste qui tire ses richesses de l’esclavage. Parmi les spectateurs certains applaudissent frénétiquement, tandis que d’autres hurlent à pleins poumons. Le bruit est tel qu’un plaisant a proposé de ‘’ne siffler que pendant les entractes.’’ »

En 1788, elle publia dans le Journal Général de France une brochure politique intitulée « La lettre au peuple ou projet d’une caisse patriotique ». Dans cette lettre, elle proposait des idées socialistes avant-gardistes qui ne furent reprises que plusieurs années plus tard. On y retrouve, notamment, la demande de création d’une assistance sociale, d’établissements d’accueil pour les aînés, de refuges pour les enfants d’ouvriers, d’ateliers publics pour les ouvriers sans travail et de tribunaux populaires.

Malgré ces idées elle ne prit pas d'emblée le train de la révolution en juillet 89, restant fondamentalement favorable à une monarchie ouverte. C'est son installation en 1890 Auteuil à proximité du couple Condorcet qui la fit rejoindre  en 1791 le groupe des Girondins......  et en septembre 1791 elle publiait la  Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne .

 Le 16 décembre 1792, Olympe de Gouges se proposa d'assister Malesherbes dans la défense du roi devant la Convention, mais sa demande fut rejetée avec mépris.

Chronique de la Révolution Page 311 : Olympe de Gouges se propose pour défendre le roi  « Paris  15 décembre 1792. Lorsque lecture a été faite à la convention de la lettre que lui a adressé Olympe de Gouges, un tonnerre de protestation s’est élevé des travées. Tandis que les députés sont occupés à débattre des modalités du procès de Louis XVI, la courageuse jeune femme a osé proposer d’être son avocate. Coupable comme roi, prétend-elle, il est innocent en tant qu’homme : ‘’ Il fut faible, il fut trompé, il nous a trompés, il s’est trompé lui-même. En deux mots, voilà son procès.’’ Il mérite non la peine de mort, mais le bannissement, plus infamant pour lui et plus honorable pour la République. Dans leur indignation, les députés ont décidé de passer à l’ordre du jour sans s’attarder plus longtemps sur cette scandaleuse proposition. »

Début 1793, elle s’en était prenait  à ceux qu’elle tenait pour responsables des massacres  de septembre 1792 : « Le sang, même des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les Révolutions ». Elle désignait particulièrement Marat qu'elle traite d'« avorton de l'humanité » l’un des signataires de la circulaire du 3 septembre 1792 proposant d’étendre les massacres de prisonniers dans toute la France. Soupçonnant Robespierre « l'opprobre et l'exécration de la Révolution », d’aspirer à la dictature, elle l’attaqua dans plusieurs écrits, ce qui lui valut une dénonciation au club des Jacobins. Elle récidivait avec ses écrits du printemps 1793 par lesquels  elle dénonçait la montée en puissance de la dictature montagnarde par la mise en place du comité de salut public le 6 avril 1793, qui s’arrogeait ainsi le pouvoir d’envoyer les députés en prison et qui se concrétisa par la mise en accusation du parti  girondin le 2 juin 1793.  Elle composa alors une affiche à caractère fédéraliste ou girondin sous le titre de Les Trois urnes ou le Salut de la patrie, par un voyageur aérien. Elle fut arrêtée par les Montagnards le 20 juillet 1793, jour de l'affichage du texte, et déférée le 6 août 1793 devant le tribunal révolutionnaire  qui l’inculpa. Elle ne fut traduite au Tribunal que le 2 novembre, quarante-huit heures après l’exécution de ses amis Girondins. Privée d’avocat, elle se défendit avec adresse et intelligence. Condamnée à la peine de mort pour avoir tenté de rétablir un gouvernement autre que « un et indivisible ». Le jugement était exécutoire, et la condamnée profita des quelques instants qui lui restaient pour écrire une lettre à son fils, laquelle fut interceptée.

Chronique de la Révolution page  381 : Olympe de Gouges a été guillotinée. «  Paris le 3 novembre 1793. Celle qui avait voulu défendre Louis XVI n’a même pas trouvé un seul avocat. Après des mois d’incarcération, Olympe de Gouges a comparu hier devant le Tribunal révolutionnaire qui l’a condamnée à mort. Pour tenter de reculer l’échéance fatale, elle a prétendu devant ses juges qu’elle était enceinte, mais sa déclaration a été accueillie par des éclats de rire sceptiques. Le médecin chargé de l’examiner a d’ailleurs refusé de se prononcer, et la sentence a été exécutée aujourd’hui même. Après avoir toisé la guillotine avec mépris, Olympe, se tournant vers la foule s’est écriée : ‘’ Enfant de la patrie, vous vengerez ma mort ! ‘’ Tels furent les derniers mots de celle qui avait lutté courageusement pour le droit des femmes et dont le tort avait été de croire trop sincèrement dans la liberté révolutionnaire. »

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