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Un rôle dans l'histoire de l'Argentine.... Santiago de Liniers, chevalier du Nouveau Monde.

14 Décembre 2017 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

En mai 2012 nous avons offert à notre petit-fils Hugo un voyage à Athènes. Alors que nous déjeunions dans un restaurant au cap Sounion, des touristes parlant espagnol se trouvaient à une table voisine de la nôtre et tout naturellement le contact s'est effectué ; il s'avéra  que ces personnes étaient des argentins de Buenos Aires. Une sympathique conversation s'est établie d'autant plus facilement que Pilar est parfaitement bilingue et que moi je faisais ce que je pouvais pour comprendre l'essentiel. Ils ont bien sûr demandé de quelle région de France nous étions. « De Niort une ville moyenne proche de La Rochelle et Poitiers » Ils restaient dubitatifs... « Une ville de l'ouest de la France à égale distance de Nantes et de Bordeaux ». Ils restaient poliment perplexes bien que situant vaguement Bordeaux sur la côte Atlantique au nord de l'Espagne. Je suis alors intervenu, en  signalant que Niort était la ville natale de Jacques de Liniers, information que leur traduisit mon épouse « Niort es la Ciudad donde nacio Jacques de Liniers » et l'effet fut immédiat : un grand sourire sur les visages et une chaleureuse poignée de main. "« El fue un gran heroe de nuestro  pais ».

 

 J'avais entendu parler, pour la première fois, de  Jacques de Liniers deux ans plus tôt en juillet 2010 grâce à un article de la Nouvelle République  qui s'intitulait « Ce niortais héros national en Argentine » et qui annonçait pour le 28 août la commémoration du bicentenaire de la mort d'un aventurier qui était devenu comte de Buenos-Aires et vice-roi du Rio de La Plata. J'ai suivi et participé avec grand intérêt à cette journée d'études et de commémorations et depuis je cherche à lire tout ce qui est écrit sur ce personnage hors du commun. J'ai déjà fait sur ce blog deux articles, le premier concernant d'ailleurs cette journée d'études de fin aout, le deuxième en présentant une modeste mais enthousiaste biographie.  

J'ai continué à m'intéresser à tout ce qui avait trait à Jacques de Liniers, notamment en me rendant de temps à autres sur le site de l'association Mémoire de Jacques de Liniers : http://jacques-de-liniers.wifeo.com/.

C'est sans doute par celle-ci (à moins que ce soit par un autre article de la Nouvelle République) que j'ai appris qu'un livre allait sortir début 2017. Un ouvrage de Jacques Marzac dont le titre est   « Mourir pour Buenos Aires », publié par l'éditeur La Découvrance. 17.000 La Rochelle, France.

J'ai adoré ce livre mais je ne peux pas en faire un article-résumé qui ne serait guère diffèrent de mon précédent billet. Je vais donc concentrer mon propos sur la fin de l'aventure de ce chevalier du Nouveau Monde ; sa gloire quand il entraîna la population de Buenos-Aires à chasser les envahisseurs britanniques, puis sa chute et enfin son exécution pour être resté loyal à la monarchie espagnole et avoir refusé de suivre le grand mouvement d'indépendance qu'il avait amorcé en chassant les britanniques de la région du Rio de la Plata.

En construisant ainsi ce nouveau billet je me conforme à l'ordre choisi par Jacques Marzac dans son ouvrage en plaçant en introduction titrée « Le prix de la loyauté » la froide matinée du 26 août 1810 où Jacques de Liniers et quatre de ses compagnons furent fusillés sur ordre de la junte qui avait pris le pouvoir à Buenos-Aires. Une junte qui comprenait aussi bon nombre des compagnons d'armes de Jacques de Liniers.  Je vais  donc me concentrer sur cette partie mais auparavant je dois, pour les lecteurs qui ne seraient pas allés consulter mes précédents billets, effectuer un court rappel avec reprise partielle de mon article biographie (en vert). 

 

Buenos-Aires constituait en 1806 une proie de choix pour le Royaume-Uni.  La ville était riche, mal gouvernée par un vice-roi coupé de Madrid et mal défendue. Le , les anglais débarquaient sur la rive gauche du Rio de la Plata et investissaient Buenos Aires, abandonnée par le vice-roi. Jacques De Liniers s’étaient enfui à Montevideo, de l'autre côté du fleuve, avec l'ambition de préparer une troupe pour reconquérir Buenos-Aires.  Et six semaines plus tard par une intervention fulgurante il chassait les britanniques de Buenos-Aires.

Six mois plus tard  l’armée anglaise, avec un effectif beaucoup plus important, intervenait en prenant d’abord Montevideo pour assurer ses arrières puis traversait le fleuve pour envahir Buenos-Aires. Mais le peuple,  galvanisé et armé par de Liniers,  infligeait une nouvelle correction aux envahisseurs.  Le 7 juillet 1807  les officiers britanniques reconnaissaient leur défaite et rembarquaient pour rejoindre cette fois définitivement l’Europe.

Santiago de Liniers était encore une fois acclamé par la foule en délire et porté en triomphe. Héros de la Reconquista et de la Defensa, Jacques de Liniers fut fait comte de Buenos Aires et nommé Vice-roi par intérim du Rio de la Plata.

En 1808, la monarchie espagnole s’écroulait devant Napoléon qui installait son frère Joseph au pouvoir. Le roi Charles IV abdiqua mais en faveur de son fils Ferdinand VII. En Espagne la résistance s’organisait contre l’envahisseur et l’Angleterre devenait du coup l’alliée de l’Espagne et du Portugal.

 En Amérique du sud les colons, qui avaient été déçus par l'impuissance de la monarchie, rêvaient de plus en plus d’indépendance et la ferveur pour Jacques de Liniers s’émoussait d’autant plus vite qu’il était français et donc suspect de sympathie pour le nouveau régime.».

En 1809 Jacques de Liniers était contraint à démissionner de ses fonctions de vice-roi et se retirait dans la région de Cordoba. La junte révolutionnaire au pouvoir lui fit quand même savoir qu’elle pensait à lui pour prendre la tête du mouvement indépendantiste qui venait de naître : après avoir été el Reconquistador, il pouvait devenir el Libertador. Non seulement il refusa mais, par loyauté à la monarchie espagnole, il tenta de créer sur Cordoba une armée de résistance à la révolution. Une petite armée peu motivée car dès les premiers combats ce fut la débandade des troupes et Santiago de Liniers était obligé de fuir. Il fut poursuivi, et finalement arrêté.

 

Je termine ce billet en évoquant succinctement la fin de Jacques de Liniers telle que la dépeint admirablement dans son livre Jacques Marzac (en bleu quelques paragraphes empruntés au livre) :

«  Qu’il fait froid en ce petit matin du 26 août 1810, dans la pampa nord du pays qui ne porte pas encore le nom d’Argentine, pour Liniers et ses derniers compagnons captifs depuis trois semaines des soldats révolutionnaires....»  Ils avaient été emprisonnés  à Cabeza de Tigre  (province de Cordoba).  Et ce sont deux  anciens  compagnons d'armes, quasiment des amis,  le colonel French et Ramon Balcare qui furent chargés de la sale besogne. Ils conduisirent les détenus dans un bosquet appelé Monte de los Papagayos où les attendait l'avocat Castelli, membre de la junte. Le peloton d'exécution était en place.  Là, on leur lut la sentence de mort que la Junte révolutionnaire a prononcée contre Liniers et quatre fidèles.

Face au peloton d'exécution Liniers refusa qu'on lui bande les yeux :« ..... Il est plus glorieux pour nous de mourir que de souscrire aux volontés de la junte..[...] ....Je meurs pour ma fidélité à la nation et au Roi.» Et selon l'auteur, face aux soldats il aurait conclu sa harangue par un « Ya estoy, muchachos !». Cette déclaration a-t-elle troublée les soldats ? Toujours est-il que plusieurs fusillés, n'étaient pas morts et qu'il fallut les achever ; ce fut le cas de Jacques de Liniers. Le coup de grâce, au pistolet  lui fut porté par son ex-compagnon et ami, le colonel French, qui lui aurait dit : « Requiescat in pace ! ». La mise en terre des dépouilles fut faite sans la moindre cérémonie.

 

 Mariano Torrente, historien de la Révolution hispano-américaine écrira en 1829 : « L'influence de Liniers était telle et la renommée de ses prouesses et de ses vertus si générales, si respectée, que les membres du gouvernement craignirent le mauvais effet qu'allait produire dans le public la connaissance de son cruel sacrifice. » Je n'ai pas osé demander aux sympathiques argentins que nous avions rencontrés en Grèce s'ils savaient comment s'était terminée l'aventure de Jacques de Liniers.

Quel superbe livre que ce « Mourir pour Buenos-Aires.» de Jacques Marzac ! 

 

Quelques années plus tard, le roi Ferdinand VII, remonté sur son trône (décembre 1813/Septembre 1833) après la défaite de Napoléon, honora la mémoire de Santiago de Liniers, en lui décernant à titre posthume le titre de comte de Lealtad (comte de la Loyauté).

En 1861, la reine Isabelle II  fit ramener solennellement d'Amérique le corps de Liniers, qui est inhumé au Panthéon de l'île de León, à Cadix.

Un quartier de Buenos-Aires porte le nom de Liniers ainsi qu'une gare.

Il y a une avenue Jacques de Liniers au Parc des Buttes-Chaumont à Paris et à Niort, sa ville natale, il a fini par trouver sa place.

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