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Saga guyanaise ..... Histoire du peuplement de la Guyane

12 Février 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #saga africa

 Quand les navigateurs européens, qui voulaient rejoindre la Chine par l'ouest, débarquèrent sur un continent qui allait devenir l'Amérique, ils rencontrèrent des humains qui vivaient en tribus ou en peuples pour certaines grandes civilisations comme les Aztèques, les Mayas,  les Incas, etc... A quel moment et comment les premiers humains étaient-ils arrivés sur ce continent et d'où venaient-ils ? : L'hypothèse retenue est qu'ils arrivaient d'Asie par une voie terrestre reliant la Sibérie à l'Alaska, à une époque où la baisse du niveau des mers le permettait (il y a entre -30.000 et -17.000 ans). Il semble probable que la migration humaine s'est faite en plusieurs vagues entraînant des déplacements vers le sud sur le nouveau continent. Beaucoup d'études ont été faites au fil des siècles et se multiplient aujourd'hui avec les recherches génétiques qui ont permis de classer l'ADN mitochondrial en quatre groupes présents chez 97 % des populations amérindiennes : A, B, C et D (source : Wikipedia Premier peuplement de l'Amérique). Dans cet article une carte confirme que ces ADN sont communs aux asiatiques de l'est et aux amérindiens. Le groupe A reste majoritaire en Amérique du Nord alors que les groupes BCD sont majoritaires en Amérique du Sud. Le groupe B est plutôt localisé le long de la côte pacifique avec des retours sur l'Amazonie par les fleuves. Les groupes C et D se rencontrent dans l'ensemble du bassin amazonien ce qui concerne aussi les indiens des Guyanes avec même un lien pour le groupe C avec les îles des Caraïbes. Il y eut aussi de nombreuses découvertes archéologiques attestant de la présence des hommes comme la grotte de Pedra Furada dans le parc national de la sera de Capivara au centre du Brésil, connu pour ses peintures rupestres. En Guyane aussi il y eut des recherches archéologiques notamment à partir des années 1970. Elles se développèrent particulièrement avant la construction du barrage de Petit-saut, au cours des années 1980, des moyens importants ayant été affectés à l'étude du bassin de Sinnamary ; Plus de 200 sites furent répertoriés et étudiés avant la mise en eau du barrage. Ces recherches confirmèrent que les premières traces de peuples indiens en Guyane remontaient au VIe av. J.C. Ils étaient probablement les ancêtres des peuples autochtones Teko (nommés Emerillon par les français) et Wayampi, deux peuplades parlant le tupi-garani. Les Wayampis se sont installés sur le fleuve Oyapock qui sert de frontière entre la Guyane et le Brésil dans la région de Camopi. 
 A la fin du IIIe siècle des indiens Arawak et Palikurs arrivant probablement de l'Amazonie rejoignèrent la Guyane côtière. Ces deux peuplades parlaient la langue Arawak.
 Au VIIIe siècle des indiens Caraïbes, les Kali'na et les Wayana, deux peuplades de langue Caribe venaient à leur tour s'installer sur le littorale guyanais.
C'est au total une dizaine de peuplades indiennes qui devaient vivre plus ou moins longtemps sur ce qui allait devenir la Guyane Française entre Oyapock et Maroni.
 En août 1498, Christophe Colomb dans le cadre de son troisième voyage passait au large de la Guyane, sans s'y arrêter (il avait foulé le sol du continent quelques jours plus tôt au Venezuela). En janvier 1500, le capitaine espagnol Vicente Yañez Pinzon, compagnon de Christophe Colomb lors de son premier voyage, faisait une reconnaissance pour le roi du Portugal de la

côte Brésilienne de l'Amazone jusqu'à l'Oyapock. Rappelons que la Guyane française comme le Surinam et le Guyana, sont nées dans une certaine marginalité par manque d'intérêt par les Portugais et les Espagnols. En effet, en 1494 le pape avait contraint les Espagnols et les Portugais à signer le traité de Tordesillas qui traçait les limites territoriales entre l'Espagne et le Portugal: C’est la raison pour laquelle les trois Guyanes se sont partagées, pas toujours à l'amiable, entre Hollandais, Anglais et Français.
 Vers 1503, un groupe de colons français se serait installé dans l’île de Cayenne pendant quelques années, puis ont disparus. Il faudra attendre un siècle, et la fin de règne de Henry IV, pour qu'en 1604, une expédition dirigée par le capitaine Daniel de la Rivardière fasse connaître la colonie de la Guyane française. Cette première tentative d'installation fut un échec: arrivé début avril 1604, l'équipage repartait le 18 mai, emmenant un indien.
En 1626, le cardinal de Richelieu autorisait la colonisation de la Guyane, et par le biais de la Compagnie de Rouen trois implantations furent tentées entre 1626 et 1630 dont l'une sur la base d'un village indien à Sinnamary qui a laissé une légende, à savoir d'être lieu de naissance de la future Madame de Maintenon. Cette légende fait que le pont qui traverse le fleuve porte son nom. De plus cette légende est reprise dans le livre « Histoire de la Guyane volume 1 ». J'ai décrit cette histoire et donné mon avis dans un article de d'octobre 2012 :
Une histoire de France passant par Niort.... (Suite). Les autres tentatives d'implantation se situèrent vers Cayenne et à l'embouchure de l'Iracoubo. Ces implantations furent encore des échecs et la plupart rentrèrent en France. 

 Deux nouvelles expéditions furent tentées afin de peupler la Guyane : la première, en 1643, dirigée par le Sieur Poncet de Brétigny, qui ayant eu quelques échos prometteurs de ce territoire lointain, obtint une commission du roi Louis XIII et leva 400 individus, par la compagnie normande, afin de d'aller fonder un lieu de vie et d'accueil à l'embouchure de la rivière Cayenne. En arrivant Brétigny  achèta au chef indien Cépérou la colline et son rocher qui domine Cayenne et les terres qui l’entourent. Les français commencèrent à construire un fortin. Malheureusement il y eut assez vite des tensions entre les français et les indiens Galibis pour diverses raisons entraînant des combats et des morts dont celle de Poncet de Brétigny en 1644. 
 En 1645 le fortin de Cépérou n'abritait plus que 25 hommes. Un petit vaisseau finit par arriver avec 40 hommes. Les survivants refusèrent de rester et exigèrent de quitter la Guyane. Parmi les arrivants seuls seize acceptèrent de rester pour remplacer les rentrants mais ils quittèrent le fortin pour s'installer à l'embouchure du Mahuri. Quelques semaines plus tard ils furent massacrés par les indiens, à l'exception de deux jeunes gens qui retournèrent se cacher à Cayenne. Ils purent reprendre contact avec les Galibis et furent acceptés. Ils servirent plus tard d'intermédiaires et d'interprètes entre indiens et nouveaux arrivants, l'un d'eux s'appelait Vendangeur. 
 En avril 1652 arrivait un nouveau vaisseau dirigé par le capitaine Navarre. Les indiens firent bon accueil à la nouvelle troupe surtout grâce aux bons offices de Vendangeur. Navarre lui même faisait tout pour éviter des problèmes avec les indiens. Les colons ont reconstruit le fort, défrichèrent les abords et plantèrent des « vivres du pays », tout en surveillant les indiens. A ce régime la petite colonie aurait pu tenir si la Compagnie de Paris n'était venue, cinq mois plus tard, prendre pied en Guyane. La flotte comprenait deux vaisseaux. Monsieur de Roiville en était le général assisté de messieurs Vertaumon, qui devait être le gouverneur du futur fort de Cayenne, et Ferrari et Isamberg. Mais le sieur de Roiville ne vit pas la Guyane : il fut assassiné juste avant d'arriver. Bientôt 700 hommes débarquèrent et là, plus question de faire du jardinage, il fallait sans tarder renforcer le fort et assurer la sécurité. Les plans de la construction étaient ambitieux, les travaux considérables. Pendant ce temps là, personne n'était convenablement nourri. Bientôt il s'avéra nécessaire de renvoyer les deux vaisseaux en France pour revenir le plus tôt possible avec des vivres. Malheureusement les capitaines prirent leur temps, ils avaient quelques courses à faire dans les îles des Caraïbes. Quand ils revinrent en Guyane la tension était maximale avec les indiens que les colons dépouillaient pour survivre. Vermauton avec quelques fidèles se sauva vers les Antilles. En juillet la guerre éclatait entre indiens et colons faisant de très nombreux morts de part et d'autre. La paix finit par s'imposer.... Mais en décembre les colons survivants quittèrent Cayenne pour rejoindre eux aussi les Antilles. Ces expéditions n'avaient pas donné les résultats escomptés.
 Dès 1654, les Hollandais trouvèrent la place vacante et s’y installèrent ; ils y restèrent une dizaine d'années. En 1664 Colbert envoya une flotte reprendre Cayenne et y installer quelques 350 colons. Le 11 mai la flotte arrivait à Cayenne et les Hollandais capitulèrent sans combat et plièrent bagages. Les français purent constater que pendant ces dix ans les Hollandais avaient fait du bon travail : parmi ces hollandais il y avait un groupe d'une soixantaine de juifs, possesseurs de 80 esclaves africains qui avaient du quitter le Brésil et s'étaient installés à Rémire. Des plantations de canne à sucre s'étendaient jusqu'aux rives du Mahury et ils commençaient à faire du sucre. 
 
Dix ans plus tard en 1665, la colonie comptait 1060 habitants européens dont 40 femmes,  y compris la garnison, et il y avait 200 esclaves. Le cheptel bovin et caprin était maigre avec une centaine de tête, les gallinacés étaient plus nombreux, environ 2000. La paix régnait avec les indiens.
La Guyane devenait progressivement comme les colonies des Antilles une société esclavagiste. En 1642 la traite fut autorisée par édit Royal. Puis en 1685 le Code noir régissait les rapports entre Blancs et Noirs esclaves. Ce Code fut mis à jour en 1723. Ces mesures devaient inciter des colons français à migrer en Guyane où ils trouveraient des esclaves pour les aider à travailler la terre dans les difficiles conditions climatiques de la Guyane. D'autant qu'ils ne  pouvaient pas faire travailler des indiens fragiles qui meurent en grand nombre au contact des Européens. Les Africains étaient la solution comme c'était déjà le cas dans les proches colonies portugaises et espagnoles. 

En 1763, le traité de Paris mettait fin à la guerre de Sept ans qui opposait au Canada, la France et la Grande-Bretagne et en d'autres endroits de la planète (notamment aux Indes). Certes la France récupérait quelques îles aux Antilles mais perdait le Canada dont l'Acadie. Un bon nombre d'Acadiens se réfugièrent en France ce qui permit au ministre Choiseul de leur proposer d'aller coloniser la Guyane, en les regroupant en particulier par familles dans des villages ou paroisses desservies par des prêtres. Malgré des promesses alléchantes la plupart des Acadiens en attente en France, refusèrent la proposition. Finalement le ministre des Colonies ne réussit à convaincre que 600 Acadiens ; ceux-ci partirent vers les tropiques entre 1763 et 1765. L’expédition des Acadiens fut complétée par d'autres ce qui portait le nombre de transportés à près de 12.000 personnes. Mais une nouvelle fois rien n'était prévu pour les recevoir. Tous ces démunis s'installèrent sur le littoral à Kourou, Sinnamary et Iracoubo. Ils restèrent à l'abandon et beaucoup périrent. En 1767 sur 12.000 émigrants au départ, 2000 survivants furent rapatriés en France du côté de Rochefort et l'ile d'Aix dont 400 Acadiens qui s'embarquèrent aussitôt pour la Louisiane. Dans le cadre de cette migration massive il y avait en grande partie ceux qui furent placés à Kourou et aux îles du Salut que j'ai évoqués dans un article de l'an dernier (1er février 2020), Saga Guyanaise... l'expédition de Kourou.  Pour ce qui concerne les Acadiens qui furent installés à Sinnamary et Iracoubo ils ont été semble-t-il les moins mal traités puisque il y eut 400 retours en France pour 600 partis. 

Je finis cet article sur l'expédition de Choiseul qui fut un désastre et qui signait la fin des missions de peuplement. Je ferai sans doute, dans quelques temps un article pour évoquer l'histoire de la Guyane de la révolution à aujourd'hui. Ceci dit le lecteur qui découvre ce blog et que la Guyane intéresse peut se reporter sur la trentaine d'articles suite aux voyages le plus souvent professionnels que j'y ai fait. (entre 1969 et 2014.) 

A la veille de la révolution la population de la Guyane était estimée à : blancs 1745,  libres de couleur 475, Esclaves noirs 10.535, Esclaves indiens 0, Indiens libres 1285, soit un total de 14.040 individus recensés que l'on peut arrondir au moins à 15.000 et peut être plus pour tenir compte des indiens de l'intérieur. 

Sources : Le grand livre de l'histoire de la Guyane volume 1. Divers sur internet dont Wikipedia et Collectivité territoriale de Guyane + le Hors série du Monde de 2018 : Histoire des Amériques.   

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